Pour mieux surveiller les navires chinois, la marine indienne renforce sa présence près du détroit de Malacca

L’océan Indien représente 25% du trafic maritime mondial… mais 75% des échanges commerciaux de l’Union européenne. Aussi, cette région a une importance stratégique évidente. D’où la coopération étroite nouée par la France avec l’Inde dans le domaine maritime. « Pouvoir assurer la liberté de navigation dans cette région-là, avec un partenaire comme l’Inde, est vital », expliquait récemment Alexandre Ziegler, l’ambassadeur de France en poste à New Delhi.

Or, il se trouve que la Chine est de plus en plus présente dans cette zone, notamment via son projet des « nouvelles routes de la soie ». Ainsi, elle investit massivement dans les infrastructures du port [en eaux profondes] pakistanais de Gwadar tout en s’assurant du contrôle, pour 99 ans, de celui d’Hambantota, au Sri Lanka.

Ainsi, relevait le New York Times, en juin 2018, Pékin s’est « assuré un siècle de souveraineté sur un morceau de territoire [sri lankais] bordant l’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde, avec une base capable d’accueillir sa marine, ses sous-marins et ses services secrets. »

Mais les appétits chinois ne se sont pas arrêtés là. Outre la construction d’un aéroport d’où aucun vol régulier n’a encore décollé [ce qui lui vaut d’être qualifié d’éléphant blanc »], la Chine, via le groupe étatique Communications Construction Company (CCCC), a finalisé, mi-janvier, un projet pharaonique de « cité portuaire » à Colombo. Or, le port de la capitale sri-lankaise est stratégique pour les échanges commerciaux de l’Inde…

De quoi confirmer la stratégie chinoise dite du « collier de perles » dans l’océan Indien.

« C’est la présence stratégique croissante de la Chine en Asie du Sud qui pose problème [à l’Inde]. On pense en premier lieu à la stratégie du ‘collier de perles’ – des bases navales qui s’échelonnent de la Birmanie à Djibouti, en passant par le Bangladesh, le Sri Lanka et le Pakistan – mais aussi au renforcement des liens militaires entre la Chine et les pays frontaliers de l’Inde, y compris le Népal. Ces initiatives nourrissent les inquiétudes de New Delhi quant à une stratégie chinoise d’endiguement, voire d’encerclement de l’Inde » résumait l’IFRI, dans une note publiée en avril 2017.

Pour répondre aux ambitions chinois [et éviter de se faire prendre à revers], l’Inde a cherché à établir une base navale sur l’île seychelloise de l’Assomption [un projet qui suscite une forte opposition] et conclu un accord avec la France visant à permettre ses navires à faire des escales logistiques dans les ports français implantés dans l’océan Indien.

Mais aussi question pour New Delhi d’avoir un oeil sur le détroit Malacca, un passage également stratégique pour Pékin, en raison de ses prétentions en mer de Chine méridionale. D’où son intérêt pour l’île de Hainggyi, dont le contrôle lui permettrait de sécuriser ses approvisionnements en pétrole ainsi que surveiller les flux entre l’Océan Indien et la mer d’Andaman.

Aussi, l’Inde va renforcer sa présence militaire dans les îles Andaman-et-Nicobar, via un investissement de 793,6 millions de dollars pour y développer les infrastructures. Le journal Times of India explique que ce plan doit permettre d’y déployer davantage de « troupes, de navires de guerre, d’avions, de drones et de batteries de missiles dans le but de contester l’expansion de la Chine dans la région. »

Une nouvelle base, appelée INS Kohassa, sera construite à environ 300 km de Port Blair, la principale ville de l’archipel. Il est question d’y construire une piste de 1.000 mètres pour les avions légers de surveillance maritime Dornier Do 228 et les hélicoptères. Il est prévu de l’étendre ensuite à 3.000 mètres pour lui permettre d’accueillir des P-8I Poseidon et des avions de combat.

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