La Royal Navy peine à recruter et à retenir ses sous-mariniers

Alors que la perspective d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord se précise, l’Écosse a de nouveau des velléités d’indépendance à l’égard de Londres. C’est ce qu’ont en effet affirmé plusieurs responsables du Parti nationaliste écossais [SNP] actuellement au pouvoir à Edimbourg, dont Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise.

« Le Brexit est un problème sérieux pour l’Écosse. […] La seule solution, c’est de devenir un pays indépendant », a ainsi déclaré Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise, lors du congrès de son parti, en octobre dernier. Et de préciser qu’elle se prononcerait sur l’organisation d’un nouveau référendum d’autodétermination dès que les conditions de sortie de l’UE auront été déterminées.

La question de l’indépendance de l’Écosse n’est pas nouvelle. En 2014, un référendum avait été organisé pour y répondre. Et le non l’avait emporté avec 55,3% des suffrages. Depuis, la situation a évolué et le Brexit pourrait renverser le rapport de forces.

Aussi, cette incertitude sur l’avenir de l’Écosse au sein du Royaume-Uni expliquerait en partie les difficultés qu’éprouve la Royal Navy pour recruter et fidéliser ses sous-mariniers.

Officiellement, il manquerait à la marine britannique 250 sous-mariniers. Et entre les périodes « 2013-2014 » et « 2016-2017 », 1.080 d’entre eux ont quitté l’uniforme.

Pourtant, la flotte sous-marine de la Royal Navy est en train de se modernier, avec l’arrivée progressive des sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] Astute et le programme « Dreadnought », qui vise à construire des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de 17.500 tonnes pour remplacer ceux de la classe Vanguard. Mais ces perspectives sont a priori loin d’être suffisantes pour motiver les personnels.

Ainsi, selon un rapport récemment rendu public par le ministère britannique de la Défense [MoD] et dont s’est fait l’écho la « coopérative de médias indépendants » The Ferret, l’une des raisons expliquant la désaffection des sous-mariniers serait liée à l’indépendance éventuelle de l’Écosse, sachant que les sous-marins de la Royal Navy sont mis en oeuvre depuis la base de Faslane, située au nord-ouest de Glascow.

Le document avance en effet que la perspective d’une Écosse indépendante a un « aspect critique » pour les sous-mariniers britanniques, ces derniers ne voulant pas s’installer à Faslane avec leurs familles. D’autant plus que de nombreux officiers supérieurs ne vivent pas dans cette région.

« Un nombre considérable de sous-mariniers passent par l’aéroport [expurgé] pour rentrer chez eux le week-end, lorsque leur sous-marin est à quai et beaucoup ont remarqué que les officiers supérieurs impliqués dans la planification de [expurgé] n’habitent sur place et prennent eux aussi l’avion pour rentrer chez eux », note le rapport.

Mais ce dernier avance d’autres raisons. « De manière générale, les sous-mariniers estiment qu’ils ne sont pas suffisamment payés pour les sacrifices qu’ils consentent en mer » et « plusieurs d’entre-eux ont souligné le manque de reconnaissance de leurs efforts », ajoute-t-il.

L’image « publique » de la Royal Navy, l’hébergement et le déséquilibre entre travail/vie privée et la mauvaise gestion des carrières sont également des facteurs expliquant la démotivation des sous-mariniers britanniques.

Pour le moment, la seule mesure emblématique qu’envisage de prendre la Royal Navy est d’autoriser ses sous-mariniers à porter à terre le pullover blanc à col roulé qu’ils mettent traditionnement quand ils sont en mer.

« Les pulls en laine mérinos, qui coûtent 70 livres sterling constituent une part importante de l’image des sous-mariniers, notamment en raison de leur apparition dans des films de guerre héroïques tels que le classique de 1955, Above Us The Waves [Opération Tirpitz], avec John Mills », explique The Daily Telegraph. Or, jusqu’à présent, le port de ces chandails est interdit à terre parce que la Royal Navy estime que cela donne un aspect « débraillé ».

D’autres mesures ont été avancées, comme le paiement de primes en espèces, une rémunération non imposable pour les missions « secrètes », la distribution de métailles supplémentaires, des repas meilleurs ou encore le recours à des entreprises de nettoyage pour faire le ménage à bord des sous-marins après de longues missions.

Photos issues du film « Opération Tirpitz »

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