Des partis politiques finlandais remettent en cause l’achat de 64 nouveaux avions de combat

Le 24 janvier, la force aérienne finlandaise a fait décoller en urgence un de ses F/A-18 Hornet pour identifier deux avions Su-27 russes qui évoluaient alors près de l’espace aérien qu’elle est censée surveiller et défendre. D’après Moscou, ces derniers venaient d’intercepter un appareil de renseignement suédois de type Gulfstream IV, lequel évoluait avec son transpondeur éteint à proximité de la frontière russe.

Cet épisode illustre le contexte actuel dans la région de la Baltique. Mais plus encore, et depuis l’annexion de la Crimée, en 2014, les relations entre la Finlande et la Russie se sont dégradées, avec, à la clé, des tentatives d’intimidation, comme ce fut notamment le cas le 6 octobre 2016. Ce jour-là, Helsinki fit état de deux violations de son espace aérien par des Su-27 russes armés.

Par ailleurs, la Suojelupoliisi [Police de protection, Supo], le service de renseignement finlandais, s’inquiète régulièrement de l’achat de terrains situés près d’endroits stratégiques par des individus ayant la double nationalité [finlandaise et russe] ou des prêtes-noms. « Les propriétaires fonciers travaillant pour le compte d’une puissance étrangère peuvent construire des structures sur leurs propriétés qui peuvent être utilisées, par exemple, pour fermer des voies de transport ou accueillir des troupes non identifiées dans le cas d’une crise », explique-t-elle.

Quoi qu’il en soit, depuis maintenant plusieurs années, la région de la Baltique « a vu resurgir des tensions oubliées depuis la fin de la guerre froide, tensions qui se sont traduites par une dégradation de la stabilité régionale », notait récemment une note de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie [DGRIS] du ministère des Armées.

Et cela conduit à une « remilitarisation » suscitée par une politique « d’affirmation de la puissance russe », basée sur « l’intimidation stratégique » et caractérisée par une « posture de sanctuarisation agressive », soulignait le même document.

Face à cela, les pays riverains de la Baltique, qui, s’ils ne sont pas tous membres de l’Otan, font partie de l’Union européenne, ont multiplié les partenariats et les coopérations militaires tout en modernisant leurs forces armées. Pour la Finlande, il s’agit notamment de remplacer ses avions F/A-18 Hornet dans le cadre du programme « HX Fighter« .

À cette fin, cinq types d’appareils ont été retenus : le Rafale de Dassault Aviation, l’Eurofighter Typhoon, le JAS Gripen de Saab, le F-35 de Lockheed-Martin et le F/A-18 Super Hornet de Boeing. La valeur de ce marché est évaluée à 10 milliards d’euros maximum, cette somme comprenant la livraison de 64 appareils, le soutien, les munitions et la formation.

Seulement, il n’est pas certain que ce programme puisse aller jusqu’au bout. En effet, les partis politiques qui s’opposent au gouvernement de centre-droit conduit par Juha Sipilä, le remettent en question. Ainsi, l’Alliance de gauche, le Parti social-démocrate de Finlande et les Verts ont dit leur intention de le revoir. Même chose pour les « Vrais Finlandais » [droite « populiste » et « eurosceptique »], lesquels ont fait savoir qu’ils seraient favorables à revoir à la baisse le nombre d’avions à acquérir.

Or, des élections législatives auront lieu en Finlande en avril prochain… Et le Parti social-démocrate finlandais fait actuellement la course en tête dans les sondages. En cas de victoire, il pourrait donc former une coalition avec l’Alliance de gauche et les Verts.

En attendant, le ministre finlandais de la Défense, Jussi Niinistö, n’a pas ménagé ses critiques à l’endroit des responsable de l’opposition, en les qualifiant « d’irresponsables » avec leurs positions « préjudiciables » à l’égard des capacités militaires du pays.

« Je suis surpris par les positions prises par les partis de gauche sur les marchés publics. L’achat de nouveaux avions de combat concerne la question de savoir si nous souhaitons ou non défendre notre pays. […] À mon avis, il s’agit d’une politique irresponsable », s’est emporté M. Niinistö.

D’ailleurs, selon lui, s’il n’y avait pas de contraintes budgétaires, ce ne serait pas 64 avions qu’il faudrait mais une centaine, afin de renforcer la défense aérienne du pays.

« L’affaire ne concerne pas un nombre précis d’avions, lequel n’est pas gravé dans le marbre. Il ne sera connu que lorsques les réponses de ceux qui ont été invités à participer à l’appel d’offres auront été traitées correctement. Nous aurons ensuite différentes options à examiner », a répondu Sanna Marin, porte-parole du Parti social-démocrate finlandais.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]