Mme Parly va engager une nouvelle « transformation structurelle » du ministère des Armées en 2019

Au cours de ces dernières années, et afin de dégager des marges de maneouvre financière dans un cadre budgétaire souvent contraint, le ministère des Armées s’est vu appliquer plusieurs réformes aux résultats plus ou moins heureux.

Celle lancée en 2008, concomitamment avec la Révision générale des politiques publiques [RGPP], prévoyait une baisse drastique des effectifs associée à une refonte de la carte militaire. Pour cela, le gouvernement de l’époque a remis en cause le principe, que l’on croyait alors intangible et résumé par la formule « un chef, une mission, des moyens », en revoyant l’organisation du soutien des unités avec la création des bases de défense et un recours plus important aux externalisations.

Seulement, cette réforme a été menée en confondant vitesse et précipitation. La suppression des Centres territoriaux d’administration et de comptabilité [CTAC] alors que le Logiciel unique à vocation interarmées de la solde [LOUVOIS] allait être mis en service en est un exemple.

Pour autant, les gouvernements suivants se gardèrent de revenir en arrière. « L’harmonisation, la simplification, l’adaptation et l’anticipation seront des moyens de remédier aux dysfonctionnements et permettront de rendre ces bases de Défense exemplaires », expliqua, lors d’un déplacement à Orléans, Jean-Yves Le Drian, alors le ministre de la Défense. Pas question, pour lui, de « rajouter une réforme à la réforme ». Ce qui aurait, sans doute, mis davantage de confusion dans les esprits…

Reste que les résultats de cette réforme engagée en 2008 ont été unanimement dénoncés par plusieurs rapports, dont ceux du Haut Comité d’évaluation de la condition militaire [HCECM].

Le constat est sans appel : les procédures sont dévenues beaucoup trop lourdes [avec, par exemple, la nécessité de récolter 7 signatures pour organiser un simple exercice de tir…], le soutien, en sous-effectif, est « dans le rouge », et les relations entre soutenus et soutenants se sont déshumanisées. « Le militaire est désormais un numéro de matricule ou un identifiant dans un SIRH [Système d’Information Ressources Humaines, ndlr] », a ainsi relevé le HCECM.

Aussi, « remettre de l’humain au coeur du ministère », tel est le sens de la nouvelle « transformation structurelle » que la ministre des Armées, Florence Parly, entend engager en 2019. C’est d’ailleurs ce que met en avant la Loi de programmation militaire 2019-2025, qui se veut « à hauteur d’homme ».

« Une LPM à hauteur d’homme, ce sont des moyens supplémentaires pour le Plan Famille, ce sont des petits équipements livrés […]. Ce sont des nouveaux droits pour les militaires pour les militaires, des mesures pour les familles et les blessés. Ce sont aussi des moyens supplémentaires pour s’entraîner et pour se former », a rappelé la ministre, lors de ses voeux aux Armées, le 21 janvier.

« En 2019, je compte accentuer ce mouvement en engageant une transformation structurelle de notre ministère », a ensuite annoncé Mme Parly. « Les réformes de ces dernières années ont beaucoup trop centralisé. Il faut donc donner plus de capacité d’action aux acteurs de terrains, simplifier l’administration et renforcer le soutien de proximité », a-t-elle continué.

« Les commandants des unités préparent et dirigent aux combat leurs hommes avec les unités de soutien. Comment expliquer que l’on ne leur fasse pas confiance pour décider de la gestion courante de leurs unités? », a ensuite demandé la ministre. Aussi, il « faut rendre à l’échelon local des moyens, des capacités d’agir », a-t-elle dit. « Nous allons donc déléguer beaucoup plus de moyens aux acteurs de terrain, laisser beaucoup plus largement le champ libre à des initiatives locales. Simultanément, nous simplifierons l’administration centrale du ministère pour accélérer la prise de décision », a-t-elle assuré.

L’un des enjeux est d’améliorer les conditions de vie des militaires sur leur lieu de travail. Or, les infrastructures ont trop longtemps été négligées pour beaucoup d’entre-elles [et les rapports parlementaires, sur ce point, ne font que le déplorer]. D’où la volonté de Mme Parly qu’il y ait, dans « chaque régiment, chaque base, chaque emprise » au moins « un projet de rénovation » qui soit lancé. « Cela peut être un espace de convivialité, des infrastructures sportives, des canalisations refaites qui donnent de l’eau chaude pour tout le monde », a-t-elle ajouté, en précisant qu’elle demandera, lors de ses déplacement, « où en est la rénovation 2019 ».

D’une manière générale, les infrastructures feront l’objet d’une attention particulière afin de « rattraper un retard considérable du fait du sous-investissement passé », a souligné la ministre. « Les moyens sont prévus, mais il faut aussi moderniser la maîtrise d’ouvrage », a-t-elle poursuivi. D’où son annonce relative à une « transformation profonde du Service d’Infrastructure de la Défense » [SID].

Quant au Service du Commissariat des Armées [SCA], dont les personnels sont au bord du « burn out » parce qu’il tient la cadence grâce à leur dévouement et à leur sens de la mission, Mme Parly a estimé qu’il devait « se rapprocher du terrain » puisque c’est de là d’où « provient le besoin ».

« Nous allons donc créer des pôles ‘commissariat’ au sein de chaque unité. Ils seront opérationnels dès 2020, vivront au rythme des forces et en lien constant avec le commandement », a annoncé la ministre. « Dans chacun de ces centres, nous créeront un guichet unique ATLAS, qui sera la point d’entrée pratique de toutes les forces pour le soutien logistique, administratif et leur solde », a-t-elle précisé. En outre, le SCA bénéficiera de 200 postes supplémentaires, ce qui n’était alors pas prévu. Mais « on ne peut pas toujours faire plus avec moins » a insisté la ministre. Sans doute que l’audition, par les députés, du groupe de liaison du Conseil supérieur de la fonction militaire [CSFM] a produit ses effets.

Enfin, concernant la fonction restauration, elle fera aussi l’objet d’une « profonde » rénovation, après avoir souffert, a encore fait remarquer la ministre, d’un « sous-investissement tant en termes de personnels, de matériels que d’infrastructures. » Et cela passera par une externalisation partielle.

Ainsi, il a été décidé de « conserver une part de restauration en régie pour assurer le maintien des compétences nécessaires à la projection des forces et à la résilience de nos armées, et d’externaliser la gestion de 73 restaurants », a annoncé Mme Parly. Dans le même temps, un plan « associé à un investissement massif dans les équipements et les infrastructures » sera mené « de manière progressive entre 2020 et 2025 » et « fera l’objet d’une concertation approfondie avec les personnels ».

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