Mme Parly : Le ministère des Armées n’est pas un « client vache à lait »

Certes, si la trajectoire financière établie par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, promulguée le 13 juillet dernier, est respectée, le budget des Armées va augmenter significativement au cours des prochaines années, avec, au total, une enveloppe de 295 milliards d’euros. Il s’agit de pouvoir moderniser des capacités clés, ce qui signifie un carnet de commandes bien rempli pour les industriels de l’armement.

Pour autant, et comme l’avait déjà dit le président Macron en juillet 2017, « l’intérêt des armées doit primer sur les intérêts industriels. » Plus tard, lors de ses voeux aux Armées en janvier 2018, il avait remis une couche en évoquant un « meilleur rapport coût-efficacité » s’agissant des matériels. « L’État est aux côtés de ses industriels, il l’est pour les besoins de ses armées comme à l’export, mais j’attends la même exigence, la même transparence et le même esprit de responsabilité de nos industriels de défense. […] Nous investissons […] pour avoir les meilleurs prestations possibles », avait-il affirmé.

Depuis, la transformation de la Direction générale de l’armement [DGA] a été amorcée. Il s’agit, entre autres, de revoir la façon dont sont conduits les programmes d’armement, en abandonnant la logique dite en « silo » au bénéfice d’un travail en « plateau ». L’objectif est ainsi de simplifier le cycle d’acquisition d’un équipement, tout en favorisant l’accélération et la réactivité des processus et en maîtrisant les coûts et les délais.

« Cette transformation de la DGA doit être l’occasion de redéfinir notre lien » avec les industriels » car « la DGA n’est ni un service d’intendance ni cette vieille grand-mère qui distribuerait des chèques en blanc », avait lancé Florence Parly, la ministre des Armées, lors de la présentation de cette réforme.

Lors de ses voeux aux Armées, le 21 janvier, Mme Parly a de nouveau mis la pression sur les industriels de l’armement. « Je souhaite un dialogue rénonve entre l’État et son industrie de défense. C’est le sens même du premier comité de politique industrielle », qu’elle a réuni la semaine passée, a-t-elle dit.

« La France n’est pas un client ‘vache à lait’. Elle paiera le prix juste et auditera ses coûts », a ensuite rappelé la ministre. « Nous veillerons à ce que les sous-traitants et les PME soient bien traitées », a-t-elle continué.

Quant aux éventuels dépassements de budget et autres retards pour, Mme Parly n’est visiblement pas disposée à les accepter. « Je ne serai que très modérément compréhensive pour les délais et les surcoûts. Très modérément », a-t-elle assuré. Il s’agit-là de la contrepartie du soutien du ministère des Armées aux industriels, notamment pour ce qui concerne l’exportation.

Comme chaque euro dépensé doit être justifié, le cas du Maintien en condition opérationnelle [MCO] semble être un gisement d’économies. Après avoir annoncé des mesures pour les matériels terrestres et aéronautiques [avec la création de la DMAé], les résultats commencent à poindre. Ainsi en est-il du soutien pour les hélicoptère Fennec de l’armée de Terre, dont le premier contrat MCO « rénové » et « verticalisé » sera bientôt notifié.

« C’est un contrat qui prévoit plus d’activité pour un coût moindre. Je vous donne un chiffre : avec ce contrat, le coût d’une heure de vol passe de 3.500 euros à 1.800 euros. C’est presque moitié moins. C’est la preuve que notre stratégie est la bonne. Il s’agit d’une flotte, je le sais. Il faut transformer l’essai pour des matériels plus complexe. Il faudra passer du contrat aux acte et j’y ferai très attention », a conclu la ministre sur ce sujet.

Pour rappel, selon les chiffres données par Mme l’ingénieur général hors classe de l’armement [IGHCA] Monique Legrand-Larroche, la directrice de la DMAé, lors d’une audition parlementaire, le MCO des 18 Fennec de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] était couvert par 9 marchés différents, pour un taux de disponibilité ne dépassant pas les 30%.

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