La ministre des Armées annonce le premier vol d’un démonstrateur de planeur hypersonique français en 2021

À l’occasion du cinquantième anniversaire des Forces aériennes stratégiques [FAS], en novembre 2014, il avait été annoncé le début d’études portant sur la mise au point d’un nouveau missile à capacité nucléaire, l’ASN4G, décrit alors comme devant être hypersonique [vitesse supérieure à Mach 5]. Et la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 confirme la poursuite de ce projet.

Dans son plan stratégique publié en 2015, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] avait souligné que le développement d’une arme hypersonique [ou hypervéloce] exigeait de relever plusieurs défis scientifiques et technologies dans les domaines de la propulsion, de l’aérodynamique, du contrôle et des matériaux.

Cela étant, cette course à l’hypervélocité a déjà commencé depuis longtemps. Dans le cadre de leur programme Conventional Prompt Global Strike [CPGS], lancé en 2001, les États-Unis ont testé l’Advanced Hypersonic Weapon [AHW], le planeur Falcon Hypersonic Technology Vehicle 2 [HTV-2] et le X-51 Waverider. La Nasa a, quant à elle, expérimenté le X-43 Scramjet. Et actuellement, le Pentagone conduit deux projets : l’Hypersonic Conventional Strike Weapon, confié à Lockheed-Martin pour 928 millions de dollars, et l’Air Launched Rapid Response Weapon, qui bénéficie d’un financement de 258 millions de dollars au titre de l’année fiscale 2019.

La Chine a réalisé d’importants progrès dans ce domaine, avec le « véhicule planant hypersonique » Wu-14, lequel aurait déjà effectué au moins six vols d’essais [seul le premier a échoué]. En août dernier, Pékin a fait état du succès du lancement de l’engin hypersonique Xingkong 2 [ou Starry Sky 2], lequel a volé pendant 7 minutes à la vitesse de Mach 5,5/6.

Enfin, la Russie n’est pas en reste, avec ses annonces concernant le missile hypervéloce Kinjal [mis en oeuvre depuis un avion MiG-31] et le planeur hypersonique Avanguard, testé avec succès, selon Moscou, en décembre dernier. Cet engin pourrait atteindre la vitesse de Mach 20.

Actuellement, le missile ASMP-A qu’utilisent les FAS [et la FANu, pour Force aéronavale nucléaire] devrait rester en service au moins jusqu’en 2035, une opération de modernisation à mi-vie ayant été lancée en 2016 pour traiter les obsolescences et maintenir son niveau de performance opérationnelle. Or, d’ici-là, les systèmes anti-missiles et les capacités de déni et d’interdiction d’accès [A2/AD] auront progressé…

« Au regard des évolutions des défenses adverses, le lancement du programme d’ensemble air-sol nucléaire de 4ème génération [ASN4G] est impératif : pour maintenir la crédibilité et l’efficacité de la composante aéroportée à l’horizon 2040 et avoir un niveau de performances et d’évolutivité optimal jusqu’en 2070, à coût maîtrisé », soulignait ainsi un rapport du Sénat publié en mai 2017.

Aussi, il n’est pas question de prendre davantage de retard par rapport aux autres puissance dans le domaine des armes hypersoniques.

« L’arrivée de nouvelles armes capables de détruire sans préavis pourrait relancer une course aux armements. Elle se concentrerait sur l’acquisition et sur l’amélioration de la technique hypervéloce, ce qui entraînerait une multiplication et une dispersion des sites de moyens de défense. L’équilibre stratégique serait alors repensé selon les États dotés de l’hypervélocité et les autres », soulignait une note du Centre Etudes, Réserves et Partenariats de l’armée de l’Air [CERPA, ex-CESA], en juin 2017.

D’où la suprise annoncée la ministre des Armées, Florence Parly, le 21 janvier, lors de ses voeux pour 2019.

« Nous avons décidé de notifier un contrat pour un démonstrateur de plaleur hypersonique », a en effet indiqué Mme Parly. « Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvons plus attendre », a-t-elle justifié.

Et il est s’agira d’aller vite. Très vite même puisque ce planeur hypersonique, qui s’appelera VMA-X [ce qui fait penser aux motos d’une célèbre marque japonaise], effectuera son premier vol d’ici la « fin 2021 ». Il représentera « un saut technologique pour bon nombre de nombre de nos capacités », a fait valoir Mme Parly.

Un planeur hypersonique est propulsé par un « booster » à très grande vitesse et à très haute altitude. Théoriquement, il peut atteindre une vitesse supérieure à Mach 10 tout en étant manoeuvrable. N’ayant pas de trajectoire balistique, il est en mesure de déjouer les moyens d’interception des systèmes de défense aérienne de courte ou moyenne portée.

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