Singapour veut acquérir quelques F-35 pour les évaluer avant de passer une commande plus importante

En investissant, chaque année, plus de 3% de son PIB pour sa défense et au regard de sa superficie [720 km2] ainsi que de sa population, Singapour disposent de forces armées relativement conséquentes et très bien équipées, avec, entre autres, 190 chars Leopard 2, plus de 2.000 blindés [de conception locale pour la plupart], 6 frégates, 6 corvettes, 4 navires d’assaut amphibie, 4 sous-marins et une centaine d’avions de combat, soutenus par 5 ravitailleurs et autant d’hélicoptères, dont des AH-64 Apache et des CH-47 Chinook.

Cet effort, de défense, même s’il a beaucoup diminué ces dernières années, s’explique par le fait que la cité-État se sent isolée dans un environnement perçu comme étant plus ou moins menaçant. Ses relations avec la Chine sont en effet compliquées, de même qu’avec la Malaisie, pays avec lequel elle a un différend territorial au sujet du détroit de Johor. En outre, la sécurité maritime dans son environnement proche est l’une de ses priorités.

Quoi qu’il en soit, et avec de telles ressources, Singapour a les moyens de chercher à moderniser en permanence ses capacités militaires, ce qui lui permet d’avoir souvent un coup d’avance sur ses voisins. Et pour cela, son ministère de la Défense s’y prend tôt. Tel est le cas du remplacement des 60 avions F-16 mis en oeuvre par sa force aérienne.

L’été dernier, le ministre singapourien de la Défense, Ng Eng Hen, fit valoir que ces appareils seraient « obsolètes » en 2030. D’où la nécessité de lancer sans tarder le processus pour le remplacer. Il « faut prendre une décision rapidement parce que la formation des pilotes et la construction des installations pour ces nouveaux modèles peuvent prendre au moins 10 ans », avait-il expliqué.

Il fut alors fait état de plusieurs pistes pour remplacer ces F-16. L’Eurofighter Typhoon fut cité, de même que, assez étrangement, des « avions furtifs » de facture chinoise. « Étrangement » car le chef d’état-major de la force aérienne singapourienne, le général Mervyn Tan, avait pourtant clairement annoncé la couleur quelques mois plus tôt.

« Après des études approfondies, nous avons conclu que l’approche la plus rentable serait d’améliorer les F-16 pour prolonger leur durée de vie, tout en évaluant le F-35 comme un candidat potentiel pour renforcer notre force de combat et maintenir notre avantage de combat », avait-il en effet déclaré.

Aussi, l’annonce que vient de faire, ce 18 janvier, le ministre singapourien de la Défense n’est pas une surprise. En effet, il a dit considérer le F-35 du constructeur américain Lockheed-Martin comme étant le « plus approprié » pour remplacer, à l’horizon 2030, les F-16, lesquels seront en effet modernisés pour « tenir » jusque-là.

Et d’expliquer que Defence Science and Technology Agency et la force aérienne singapourienne étaient arrivés à cette conclusion après une « évaluation technique » qui, ayant pris « plus de temps que prévu » [plus de cinq ans, ndlr], a permis de « définir en détail les spécifications et les besoins. »

Cela étant, il n’est pas question de passer une commande de plusieurs dizaines d’exemplaires de l’avion développé par Lockheed-Martin. « Nous voulons nous procurer quelques appareils dans un premier temps afin de pleinement évaluer les capacités du F-35 avant de décider l’acquisition d’une flotte complète », a en effet indiqué Ng Eng Hen.

En attendant, Singapour va entamer des discussions avec l’administration américaine pour trouver un « accord préliminaire ». Ce qui pourrait prendre entre 9 et 12 mois.

Reste que la version du F-35 que souhaite acquérir Singapour n’a pas été précisée. Il pourrait s’agir de celle dite STOVL [décollage court et à atterrissage vertical], étant donné qu’elle correspondrait le mieux aux besoins de la force aérienne singapourienne, qui manque d’infrastructures. Cependant, les photos accompagnant l’annonce du ministre montrent un F-35A [la version « classique »]. Ce qui est normal puisqu’elles ont été faites lors d’une visite de M. Ng à la base de Luke [US Air Force / Arizona], en 2015.

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