M. Macron : La France restera engagée militairement au Levant « au cours de l’année qui vient »

« Nous ne faiblirons pas car il s’agit de l’avenir de l’Afrique et donc de notre propre avenir », a lancé le président Macron, lors de ses voeux aux Armées, le 17 janvier, en évoquant l’opération Barkhane, au Sahel. « Les résultats sont là : de nombreux chefs et membres des différents groupes terroristes ont été mis hors de combat, leurs approvisionnements et flux logistiques ont été rompus, nous les avons bousculés dans les zones où ils se croyaient libres d’aller comme ils le voulaient », a-t-il dit. Cependant, « il faudra du temps pour rétablir la paix » dans cette région où « la gangrène islamiste » […] s’insinue partout où sévissent la misère et le manque d’éducation », a-t-il estimé.

Et cela vaut aussi pour le Levant, et plus particulièrement la Syrie, où le combat contre l’État islamique [EI ou Daesh] « n’est pas terminé », a affirmé M. Macron, prenant ainsi le contre-pied de Donald Trump, son homologue américain.

Estimant, en effet, que l’EI était vaincu, ce dernier a annoncé, le 19 décembre, le retrait « immédiat » de ses troupes de Syrie, ce qui a pris tout le monde de court et provoqué des tensions au sein de son administration, avec la démission de James Mattis, alors chef du Pentagone. Cependant, le calendrier de ce désengagement est depuis devenu incertain, les responsables américains ayant posé des conditions, comme la protection des milices kurdes syriennes, pour qu’il soit effectif.

En outre, l’attentat contre une patrouille américaine à Manbij, commis et revendiqué par l’EI le 16 janvier [2 soldats, un « contractor » et un civil américain figurent parmi les victimes] a infirmé les propos victorieux du chef de la Maison Blanche. Si elle a perdu le contrôle des territoires qu’elle avait conquis en 2014, l’organisation jihadiste a renoué avec les modes opératoires qui étaient les siens avant de proclamer son « califat ».

« Mes pensées vont aux victimes de l’attentat terroriste de Manbij. Elles ont donné leur vie pour protéger notre liberté. En ces heures douloureuses la France se tient aux côté de son allié, les États-Unis, déterminée à combattre Daesh jusqu’au bout », avait déclaré M. Macron via Twitter, peu avant de se rendre à Toulouse-Francazal pour ses voeux aux armées.

Cette détermination face à l’EI, le président Macron l’a répétée durant son allocution face aux militaires et aux personnels civils de la défense réunis à cette occasion. « Le retrait annoncé de Syrie de notre allié américain ne doit pas nous faire dévier de notre objectif stratégique: éradiquer Daesh en privant cette organisation terroriste de toute empreinte territoriale et en empêchant sa résurgence », a-t-il dit.

Aussi, la France restera « militairement engagée au Levant au sein de la coalition internationale au cours de l’année qui vient », car « toute précipitation à se retirer serait une erreur », a annoncé M. Macron.

Selon une source diplomatique française citée par l’AFP, le maintien de la force Chammal est nécessaire pour garder dans la région une « capacité de réaction en cas d’attentat ou de tentative de déstabilisation. » Et avant d’envisager un retrait, « il faudra être à peu près sûr que l’état-major , la tête de Daesh, a été décimés. Cela se compte en mois », a-t-elle ajouté, estimant que « la lutte contre le Daesh clandestin se compte en années. »

Toutefois, sans l’appui des États-Unis, cela paraît compliqué, étant donné qu’ils sont à l’origine de près de 90% des frappes aériennes contre Daesh et qu’ils disposent des capacités [renseignement, ravitaillement en vol, etc] essentielles pour la poursuite des opérations.

Actuellement, la force Chammal mobilise environ 1.200 militaires français [aviation, artillerie avec la TF Wagram, forces spéciales et conseillers militaires au sein des TF Monsabert et Narvik, déployées en Irak].

Au cours de la semaine passée, les Rafale et autres avions basés en Jordanie et aux Émirats unis ont encore assuré 20 sorties aériennes et conduit 6 nouvelles frappes en appui des Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde], engagées dans des combats pour réduire les dernières positions tenues par les jihadistes sur la rive orientale de l’Euphrate, dans la province de Deir ez-Zor. Depuis leur engagement au Levant, les chasseurs-bombardiers français ont effectué 8.802 sorties et 1.520 frappes, au cours desquelles 2.336 objectifs ont été détruits.

Quant aux artilleurs de la TF Wagram, dotés de trois CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie], leur activité a baissé d’intensité entre le 9 et 15 janvier, avec 12 missions de tir depuis l’Irak, en appui aux FDS. Les canons français ont fait parler la poudre à 2.458 reprises depuis septembre 2016.

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