Un influent groupe jihadiste syrien soutient une éventuelle offensive turque contre les Kurdes

En mars 2016, et en partie grâce aux succès militaires obtenus par les Unités de protection du peuple [YPG] face à l’État islamique [EI ou Daesh], les Kurdes syriens ont proclamé une « entité fédérale démocratique » dans les secteurs qui constituaient autrefois une zone « d’administration autonome » [soit les cantons d’Afrin, de Kobané et de Djézireh, qui constituent la « Rojava »].

Ce qui est inacceptable aux yeux d’Ankara, où le Parti de l’union démocratique [PYD], dont les YPG sont issues, est considéré comme terroriste en raison de sa proximité avec le Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK]. D’où les deux opérations militaires lancées en août 2016 et en janvier 2018 par la Turquie dans le nord de la Syrie.

Et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne cesse d’évoquer une troisième offensive, alors que des combats opposant les Forces démocratiques syriennes [FDS, dont les YPG font partie] à l’EI sont encore en cours dans le secteur de Hajine, sur la rive droite de l’Euphrate, dans la province de Deir ez-Zor.

Par ailleurs, les groupes rebelles syriens soutenus par la Turquie ont subi un sérieux revers, la semaine passée, en laissant le contrôle de la province d’Idleb à l’organisation jihadiste Hayat Tahrir al-Sham [HTS], c’est à dire l’ex-branche syrienne d’al-Qaïda.

Pour rappel, en septembre 2018, la Turquie et la Russie tombèrent d’accord sur des mesures visant à empêcher une offensive visant cette même province d’Idleb, ce qui écarta la perspective d’une crise humanitaire et celle d’un afflux de réfugiés vers le territoire turc.

Quoi qu’il en soit, désormais maître de cette région, le chef du groupe jihadiste HTS, Abou Mohamad al-Joulani [photo ci-dessus], s’est dit favorable à une opération militaire turque contre les Kurdes syriens. De quoi brouiller un peu plus les lignes et mettre Ankara en porte-à-faux.

« Nous sommes en faveur d’une libération de cette région du PKK [la Rojava, ndlr] », a en effet affirmé al-Joulani, dans un entretien publié par Amjad, un média affilié à HTS. Au passage, on notera qu’il assimile le PKK au PYD, comme le fait la Turquie… « Nous ne saurons être un obstacle à une opération contre un des ennemis de la révolution » syrienne, a-t-il ensuite ajouté, en répondant à une question relative à une éventuelle offensive turque contre les Kurdes syriens.

En attendant, et alors qu’il avait menacé, plus tôt, de « dévaster » l’économie turque en cas d’offensive contre les YPG, le président américain, Donald Trump, a discuté avec son homologue turc de l’idée d’établir une « zone de sécurité » de 30 km de large entre les territoires kurdes et la Turquie. En octobre, le Pentagone avait l’intention d’installer des postes d’observation le long de la frontière. Mais ce projet, qui suscita en son temps l’opposition d’Ankara, n’est évidemment plus d’actualité, retrait militaire américain de Syrie oblige.

Ce 15 janvier, M. Erdogan a indiqué qu’il reviendrait à la Turquie d’instaurer cette zone de sécurité, ce dernier ayant assuré à M. Trump qu’Ankara n’avait « rien contre les Kurdes » et les « forces syriennes démocratiques qui ont coopéré avec Washington pour vaincre Daesh » mais seulement contre les « groupes terroristes qui menacent sa sécurité nationale ».

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