Environ 20% des soldats de la British Army seraient inaptes pour être déployés sur un théâtre extérieur

Une British Army réduite mais plus réactive : tel a été le pari fait par Londres en 2010, en décidant de porter les effectifs des forces terrestres britanniques à seulement 82.000 soldats professionnels, comme au temps de la guerre des Boers [1899-1902]. Certains généraux exprimèrent leurs doutes au sujet de cette politique, estimant qu’elle allait avoir des conséquences négatives en termes de compétences et de capacités. Et le temps leur a donné raison.

Actuellement, la British Army est confrontée à au moins trois problèmes importants en matière de ressources humaines. En premier lieu, et pour un faisceau de raisons différentes, comme les restrictions budgétaires, l’incertitude sur les carrières, la faible activité opérationnelle ou encore des mesures controversées, comme celles concernant le logement, beaucoup d’engagés ont préféré quitter l’uniforme avant le terme de leur contrat. En 2016, ils furent ainsi plus de 10.000 à faire un tel choix.

Le second problème est lié au premier : la British Army n’est pas assez attractive, ce qui fait qu’elle peine à recruter. La réduction annoncée de ses effectifs a envoyé un mauvais signal à la jeunesse britannique dans la mesure où il a brouillé le message sur la nécessité de recruter de nouveaux soldats. À cela, il faut aussi prendre en compte le faible taux de chômage britannique ainsi que les aspects démographiques et sociaux.

Et pour couronner le tout, les campagnes de communication de la British Army n’ont pas toujours été très efficaces. Et celle qui vient d’être lancée risque bien de ne pas donner les résultats espérés. En s’adressant aux « millenials », elle a apparemment commis quelques impairs, avec une affiche ciblant les « snow flakes » [flocons de neige], ce qui est perçu comme une insulte outre-Manche [les « snow flakes » sont considérées comme étant plus fragiles, moins résilients et « pleurnichards »], à telle enseigne que le soldat choisi pour illustrer l’affiche de recrutement a exprimé son intention de démissionner de l’armée.

Les difficultés en matière de recrutement (qui expliquent la décision d’assouplir les critères d’admission au sein des forces britanniques pour les ressortissants du Commonwealth ainsi que celle d’ouvrir les spécialités de combat aux femmes) ainsi que le taux élevé de démissions font que 5.000 postes sont actuellement vacants au sein de la British Army.

Mais cette dernière aurait un troisième problème sur les bras. Selon le quotidien The Times, plus de 20% des soldats de la British Army sont inaptes pour être envoyés sur un théâtre extérieur, principalement pour des raisons de santé.

« 7.200 soldats ne peuvent ainsi être envoyés outre-mer pour raisons de santé, tandis que 9.910 autres ne peuvent accomplir que des tâches limitées et ne sont donc pas considérés comme pleinement déployables », avance en effet le quotidien.

Des chiffres confirmés par le ministère britannique de la Défense [MoD], lequel s’est voulu toutefois rassurant. « Les Forces armées ont suffisamment de personnel pour les opérations destinées à assurer la sécurité du Royaume-Uni », a-t-il fait valoir, ajoutant que les soucis de santé des soldats de la British Army sont « pour la plupart mineurs » et qu’ils n’étaient pas de nature à les « empêcher de s’acquitter de leurs tâches essentielles. »

En réalité, il existe trois catégories : les soldats aptes sans limitation d’emploi, classés « Medically Fully Deployable » [MFD], ceux qui le sont partiellement parce qu’ils ont des problèmes de santé mineurs (blessures sportives par exemple), classés « Medically Limited Deployable » [MLD] et considérés comme apte à un déploiement avec des restrictions, et ceux qui sont inaptes, classés « Medically Not Deployable » [MND].

Enfin, d’autres soldats ne peuvent pas être engagés dans une opération extérieure soit parce qu’ils n’ont pas l’âge légal pour cela, soit parce qu’ils n’ont pas reçu l’entraînement nécessaire.

Cela étant, jamais la totalité des effectifs d’une force armée n’est sollicitée en même temps. Tout simplement parce qu’il existe d’autres contraintes (disponibilité des matériels, préparations opérationnelles, etc). Mais au regard de son format actuel, ce taux n’inaptitude est élevé pour la British Army, d’autant plus qu’il n’est que de 15-16% pour la Royal Navy et la Royal Air Force.

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