La Royal Navy mobilisée pour dissuader les migrants de traverser la Manche

Ces dernières semaines, la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord a fait état de plusieurs opérations de sauvetage lancées pour porter assistance à des migrants ayant pris place à bord de petites embarcations pour se rendre au Royaume-Uni.

Ainsi, depuis le 23 décembre, près d’une centaine de migrants ont été secourus en mer par les autorités françaises ou britanniques. Et, d’après Charlie Elphicke, un député d’outre-Manche, plus de 200 personnes auraient débarqué clandestinement sur les côtes du Kent au cours des deux dernier mois.

Et, le 28 décembre, le ministre britannique de l’Intérieur, Sajid Javid, a donné le bilan de 70 migrants interceptés en trois jours alors qu’ils tentaient de rejoindre les côtes anglaises.

Dans le même temps, les vols de bateaux par des filières de passeurs se sont multipliés dans les ports de pêche. « On est sur un réseau très organisé » c’est à dire « un réseau criminel et mafieux qui s’est complètement organisé sur ce trafic d’êtres humains », confiait, en novembre dernier, le lieutenant de vaisseau Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime.

Ces tentatives de traversées de la Manche sont dangereuses, notamment en raison de la densité du trafic maritime, de la force des courants et de la température de l’eau à cette période de l’année.

Le 30 décembre, Paris et Londres ont convenu d’un « plan d’action renforcé » devant être « mis en œuvre dans les prochaines semaines » selon le Home Office. Il s’agira d’augmenter le nombre des patrouillers de surveillance, de sensibiliser les migrants aux risques de traverser la Manche et de renforcer la lutte contre les réseaux de passeurs. Le tout devrait être coodonneé depuis le Centre de coordination et d’information franco-britannique de Coquelles, près de Calais.

Cela étant, Londres a déjà pris des mesures, en décidant de renforcer les moyens de la Border Force [la police des frontières britannique, ndlr], qui reposent actuellement sur les patrouilleurs HMC Vigilant et HMC Searcher, par deux autres navires plus imposants, à savoir les HMC Protector et Seeker. Mais ces derniers étant en Méditerranée, le Home Office a obtenu le concours du ministère de la Défense [MoD].

Ainsi, le 3 janvier, le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, a annoncé que la Royal Navy déploierait le patrouilleur hauturier HMS Mersey dans le détroit du Pas-de-Calais. Habituellement sollicité pour des missions de police des pêches dans les eaux britanniques et l’Atlantique, ce navire a déjà appareillé de Portsmouh.

« Je peux confirmer que le HMS Mersey va être déployé dans le détroit du Pas-de-Calais pour assister la police aux frontières et les autorités françaises dans leur réponse aux traversées de migrants », a précisé M. Williamson. Le coût du déploiement de ce patrouilleur sera à la charge du ministère britannique de l’Intérieur.

« Il s’agit d’une mesure provisoire jusqu’à ce que les deux navires de la police aux frontières que j’ai redéployés de l’étranger rejoignent les eaux britanniques », a ensuite indiqué Sajid Javid. « Il est essentiel de travailler sur tous les fronts pour s’attaquer à cette situation », a-t-il ajouté.

Côté français, Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, a assuré, ce 4 janvier, que la France continuera de travailler « en bonne intelligence » avec le Royaume-Uni, sans nécessairement renforcer les moyens déjà mis en place.

« Le meilleur moyen de les sécuriser (les frontières françaises), c’est d’assurer par les gardes-côtes une surveillance des côtes qui est faite dans le Nord-Pas-de-Calais mais pas uniquement, de la manière la plus précise possible », a dit M. Griveaux. « Ce travail se fait en bonne intelligence avec les autorités britanniques et il continuera à se faire dans ce cadre-là. Mais nous n’avons pas vocation à augmenter encore les dispositifs qui sont déjà très opérationnels et qui ont fait leurs preuves », a-t-il ajouté.

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