Un navire militaire chinois armé d’un présumé canon électro-magnétique a été aperçu en haute mer

Presque 50 ans après les premiers de Neil Armstrong et de Buzz Aldrin sur la Lune, la Chine vient de réaliser une première mondiale, ce 3 janvier, en faisant alunir, sur la face cachée de ce satellite de la Terre, le module d’exploration Chang’e-4. Ce dernier communique avec un satellite relais qui, appelé Quequiao, avait été lancé en mai dernier pour être placé sur une orbite de Halo autour du point de Lagrange L2 du système Terre-Lune.

La Chine a fait de l’espace une priorité. D’où ses investissements dédiés à son programme spatial, lequel a donné à un premier vol habité en 2003. Elle dispose de son propre système de géolocalisation [le « Beidou »] et compte s’attaquer à l’exploration de Mars. Espérant envoyer des « taïkonautes » sur la Lune, elle a également l’ambition de lancer sa propre station spatiale, qui devrait s’appeler « Palais Céleste ».

Comme on le voit, la Chine a donc accompli d’énormes progrès dans le domaine spatial pendant que d’autres puissances doivent jongler avec les impératifs budgétaires, quitte à revoir leurs ambitions à la baisse, voire à les abandonner.

En outre, Pékin investit également pour développer des capacités militaires spatiales. La destruction du satellite Feng-Yun 1C par un missile SC-19, en janvier 2007, en témoigne. Mais s’agissant de la mise au point de nouvelles armes, les annonces chinoises sont souvent accueillies avec prudence.

Ainsi, le missile balistique DF-21 « tueur de porte-avions » suscite du scepticisme, voire de l’incrédulité, comme l’a récemment expliqué l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la marine française. L’avion de combat J-20, présenté comme étant futif, donne aussi lieu à son lot d’interrogations.

Cependant, s’il y a un domaine où la Chine aurait pris une avance considérable, c’est sans doute celui des armes électro-magnétique. Cela fait maintenant des années que l’US Navy planche sur de tels systèmes sans pour autant être parvenue, pour le moment, à en équiper l’un de ses navires. La France et l’Allemagne, via l’Institut de recherches de Saint-Louis [ISL], mènent également des travaux dans ce sens.

Un canon électro-magnétique [ou « railgun »]présente plusieurs avantages. En effet, pouvant d’envoyer un projectile à une distance d’environ 200 km à la vitesse de Mach 5, son emploi est économique étant donné que le coût d’un tir est au moins dix fois moins élevé que celui d’un missile tout en étant très sûr dans la mesure où il ne serait plus besoin de garder des explosifs sur un navire. En revanche, il lui faut disposer d’énormément d’énergie électrique, ce qui est un frein à sa miniaturisation.

Si le principe d’une telle arme est relativement simple [faire circuler un courant électrique très intense entre deux rails conducteurs d’électricité parallèles en misant sur la force de Laplace pour donner une accélération – et donc une vitesse – très forte à un projectile], il reste quelques difficultés à surmonter, notamment dans le domaine des matériaux, ces derniers étant soumis à de fortes contraintes physiques, et donc à une usure prématurée.

Les ingénieurs chinois auraient-ils réussi là où d’autres cherchent encore la bonne formule? En tout cas, en février 2018, il a été rapporté que le navire d’assaut amphibie Haiyang Shan était doté d’un canon électro-magnétique, ce qui en aurait fait le premier bâtiment à en être armé. Du moins, des photographies, prises alors qu’il quittait le chantier naval de Wuhan et diffusées via les réseaux sociaux à l’époque, le suggéraient.

En effet, on voyait sur ces clichés que les deux canons pièces d’artillerie jumelées de 37 mm avaient été remplacées par ce qui ressemblait à un canon électromagnétique [car ressemblant à celui développé par BAE Systems pour l’US Navy]. En outre, on pouvait aussi remarquer la présence de trois conteneurs devant probablement abriter des générateurs électriques.

Depuis, CNBC a rapporté que le renseignement américain était au courant de l’existence des projets chinois en matière de canon électromagnétique depuis 2011. Cette arme aurait fait l’objet de tests en 2014. Et, entre 2015 et 2017, elle aurait été « calibrée pour frapper plus loin » et « augmenter sa létalité ».

Visiblement, la mise au point de ce canon électromagnétique chinois vient de franchir une nouvelle étape. Là encore, sur des photographies ayant opportunément « fuité » sur les réseaux sociaux, l’on voit le navire d’assaut amphibie Haiyang Shan naviguer en haute-mer, au large de Shanghai, ce qui laisse supposer qu’il s’apprête à tester sa nouvelle arme dans les conditions opérationnelles.

Selon les confidences faites à CNBC, le renseignement américain estime que la marine chinoise disposera de destroyers [ceux de type 055?] dotés de canons électromagnétiques opérationnels d’ici 2025. À moins que la mise au point de ces derniers ait progressé plus vite que prévu… Quoi qu’il en soit, ce nouveau type d’arme pourrait être un « game changer », sans doute beaucoup plus « dangereux » pour les porte-avions que ne peut l’être le missile DF-21.

Photo : Le Haiyang Shan et son canon électromagnétique photographié en haute mer [via Twitter]

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