M. Trump reproche à son ex-secrétaire à la Défense le manque de résultats en Afghanistan

Pour l’Afghanistan, 2018 aura été une année noire, malgré la nouvelle stratégie américaine dévoilée par le président Trump en août 2017 et l’engagement continu de l’Otan avec la mission Resolute Support, qui vise à former et à conseiller les forces de sécurité afghanes.

Le 1er janvier, au moins 21 soldats et policiers afghans ont été tués lors d’une attaque lancée par le mouvement taleb contre la capitale provinciale de Sar-é Pol, dans le nord du pays. Le lendemain, les insurgés ont détruit, à l’explosif, un avant-poste des forces afghanes situé dans le district de district de Maiwand [province de Kandahar, au sud] tandis que l’on apprenait qu’un projet d’attentat contre des instructeurs militaires italiens déployés à Herat [ouest] venait d’être déjoué in extremis.

Signe de la dégradation de la situation : l’an passé, l’activité de l’aviation militaire américaine a retrouvé le niveau d’intensité qui était le sien en 2011, au cours de laquelle plus de 5.400 munitions avaient été « consommées » dans des missions d’appui aux troupes terrestres au contact avec les insurgés.

Sur le terrain diplomatique, le mouvement taleb afghan a accepté de discuter avec des représentants américains et participé à une conférence organisée à Moscou pour « discuter de la paix ». Plus récemment, il y a envoyé une délégation à Téhéran afin de « relancer le processus de paix en Afghanistan. »

Ces derniers développements ne sont pas du goût de M. Trump, qui a évoqué l’idée de retirer la moitié des troupes américaines présentes en Afghanistan, après les avoir renforcées en août 2017, conformément à une option défendue par James Mattis, alors chef du Pentagone. Un second scenario, présenté par Erik Prince, un proche du chef de la Maison Blanche et fondateur de Blackwater, se résumait à un retrait pur et simple [à l’exception des forces spéciales] tout en ayant recours aux sociétés militaire privées [SMP].

Visiblement, M. Trump regrette d’avoir écouté son ancien secrétaire à la Défense [M. Mattis, surnommé le « moine guerrier », a démissionné suite à l’annonce du retrait américain de Syrie, ndlr].

« Je lui souhaite le meilleur. J’espère que cela se passera bien pour lui. Mais comme vous le savez, le président Obama l’avait limogé et, au fond, j’ai fait la même chose », a ainsi déclaré M. Trump à l’endroit de l’ex-général de l’US Marine Corps. Puis, évoquant le dossier afghan, il a dit « vouloir des résultats ».

« Qu’a-t-il fait pour moi? », a ensuite demandé M. Trump, toujours au sujet de James Mattis. « Je ne suis pas satisfait de ce qu’il a fait en Afghanistan », a-t-il ajouté.

Le successeur, par intérim, de M. Mattis, Patrick Shanahan, aura-t-il l’échine plus souple? En attendant, les SMP se préparent, comme en témoigne cette publicité montrant le logo de Blackwater avec la légende « Nous arrivons », diffusée peu après la démission du « moine guerrier » alors qu’elle devait être publiée dans l’édition de janvier/février 2019 du magazine « Recoil ».

Par ailleurs, M. Trump s’en aussi pris à l’Inspection générale pour la reconstruction de l’Afghanistan [SIGAR], qui, depuis 2008, publie des rapports jamais complaisants sur la politique afghane menée par Washington. Or, pour le chef de la Maison Blanche, il est « insensé » que le travail de cet organisme puisse faire l’objet d’une diffusion publique car « l’ennemi lit ses rapports et en étudient chaque ligne », a-t-il fait valoir.

« Laissez-les faire des rapports, mais ce devrait être des rapports privés. Si un membre du Congrès veut les voir, il peut y aller et le lire », a ajouté M. Trump.

Cela étant, les rapports du SIGAR ne dévoilent pas de secrets compromettants pour les opérations en cours. Ils viennent généralement tempérer l’optimisme affiché par certains chefs militaires américains et responsables de l’Otan. En outre, l’Inspecteur général, John F. Sopko, se plaint d’une classification croissante des données, comme celles concernant les pertes subies par les forces afghanes.

Reste que la loi fédérale américaine prévoit la désignation d’un inspecteur général quand un opération militaire conduite à l’étranger dure plus de 60 jours. Ce dernier doit remettre des rapports trimestriels au Congrès et les rendre disponibles pour le public, via un site Internet.

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