La Bundeswehr précise son intention d’ouvrir son recrutement aux ressortissants de l’Union européenne

En matière de recrutement, les forces armées allemandes [Bundeswehr] font face à un énorme défi. En effet, elles devront augmenter significativement leurs effectifs dans les prochaines années alors que, dans le même temps, elles auront à compenser le départ à la retraite de la moitié de son personnel d’active d’ici 2030.

Pour corser le tout, le métier des armes n’a pas encore forcément bonne presse outre-Rhin et la concurrence du secteur privé, en particulier pour les spécialités les plus pointues, ne facilite pas la tâche des recruteurs. En outre, la faible démographie est aussi un facteur déterminant.

Pour autant, en 2018, et grâce notamment à des campagnes de communication efficaces s’adressant aux jeunes de moins de 18 ans, la Bundeswehr a recruté 2.500 soldats de plus que l’année précédente (et même 6.500 de plus par rapport à 2016).

Une « performance » soulignée par Ursula von der Leyen, la ministre allemande de la Défense, dans un entretien donné au Rheinische Post. Et avec « 12% de femmes » au sein du personnel militaire, un « nouveau record a été atteint », a-t-elle dit. Pour autant, il ne s’agit pas de relâcher l’effort : la Bundeswehr devra compter 203.000 militaires en 2025, a-t-elle rappelé.

Pour atteindre cet objectif, l’idée de permettre de recruter des militaires issus de l’Union européenne est régulièrement avancée. Et elle a été de nouveau mise sur le tapis, ce 27 décembre, par le général Eberhard Zorn, le chef d’état-major de la Bundeswehr.

« La Bundeswehr a besoin de personnel […], nous devons regarder dans toutes les directions en période de pénurie de travailleurs qualifiés », a en effet déclaré le général Zorn, au groupe de quotidiens régionaux Funke Mediengruppe. Par conséquent, élargir le recrutement à des ressortissants de l’Union européenne est une « option ». Seraient ainsi principalement concernées les spécialités relatives à la médecine militaire et aux activités « cyber ».

Selon la presse d’outre-Rhin, « en Allemagne, environ 530.000 citoyens européens âgés de 18 à 30 ans constitueraient un potentiel de recrutement supplémentaire pour la Bundeswehr. »

Cette idée de permettre à des ressortissants de l’UE de s’engager dans la Bundeswehr n’est pas nouvelle. Elle avait déjà été avancée en 2011, puis écrite noir sur blanc dans le dernier Livre blanc sur la défense, publié en juillet 2016. Selon ce document, une telle mesure aurait envoyé un « signal fort pour une approche européenne. »

Le commissaire parlementaire auprès de la Bundeswehr, le social-démocrate Hans-Peter Bartels, s’est dit favorable à une telle idée. « Beaucoup de soldats (ont déjà) des origines étrangères ou la double nationalité », a-t-il dit, avant de faire valoir que « la Bundeswehr ne serait pas une exception car nous avons déjà depuis longtemps des citoyens européens qui travaillent dans la police allemande. »

Au niveau politique, le recrutement de citoyens de l’UE pour les besoins de la Bundeswehr ne suscite pas de vives oppositions. À la condition, toutefois, qu’il y ait des garde-fous. « Si les citoyens d’autres pays sont acceptés, sans la promesse d’obtenir un passeport allemand, la Bundeswehr risque de devenir une armée de mercenaires », avait encore récemment estimé Karl-Heinz Brunner, l’expert du parti social-démocrate [SPD] pour les affaires de défense.

En revanche, d’après les journaux de Funke Mediengruppe, cette mesure aurait été accueillie fraîchement par certains membres de l’UE, qui, ayant eux aussi, des besoins en matière de recrutement, craindraient de voir leurs jeunes attirés par des soldes plus élevées proposées par la Bundeswehr.

Cependant, ce recrutement serait prioritairement ouvert aux ressortissants de l’UE déjà établis en Allemagne. Ces derniers devraient évidemment maîtriser la langue allemande, présenter un certificat de bonne conduite de la police et prêter allégeance à la République fédérale.

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