M. Trump a officiellement signé l’ordre de retrait des troupes américaines de Syrie

Au Tchad, où il rendait visite à la force Barkhane pour marquer les fêtes de fin d’année, le président Macron a critiqué le chef de la Maison Blanche, Donald Trump, pour sa décision, alors annoncée, de retirer les forces américaines de Syrie, où le combat contre l’État islamique [EI ou Daesh] n’est pas terminée et où les conditions pour éviter un retour de ce dernier ne sont pas réunies.

Pour rappel, la semaine passée, M. Trump a décidé la fin des opérations militaires américaines en Syrie, sans prévenir préalablement les alliés des États-Unis, à l’exception de la Turquie.

Ce qui place de facto les Forces démocratiques syriennes [FDS], dont les milices kurdes syriennes sont membres, à la merci de cette dernière, alors qu’elles combattent encore Daesh à Hajine [province de Deir ez-Zor, ndlr]. Depuis l’annonce du président américain, le chef du Pentagone, James Mattis, a démissionné, de même que Brett McGurk, l’émissaire des Etats-Unis pour la coalition internationale anti-jihadiste.

Dans un premier temps, lors d’un discours prononcé devant les militaires français, le 22 décembre, M. Macron a d’abord expliqué que la « confiance » et la « constance » étaient nécessaires dans les coopérations militaires, sans pour autant citer la décision de M. Trump. Puis, le lendemain, il a cette fois dit les choses de manière plus explicite.

« Je regrette très profondément la décision prise » [par M. Trump], a lancé le président Macron. « Un allié se doit d’être fiable, se coordonner avec ses autres alliés », a-t-il continué. Car « être allié, c’est combattre épaule contre épaule », a-t-il souligné, en précisant que c’était justement ce que la France faisait avec le Tchad, mais aussi avec les États-Unis, dans la bande sahélo-saharienne [BSS].

Puis le président français a loué les mérites de James Mattis qui, dans sa lettre de démission adressée à M. Trump, a insinsté sur la nécessité pour les États-Unis de « traiter leurs alliés avec respect ».

« Je veux ici rendre hommage au général Mattis et aux propos qui ont accompagné sa décision. Depuis un an, nous avons constaté comment il a été un interlocuteur fiable », a dit M. Macron.

Quoi qu’il en soit, la démission de son sécrétaire à la Défense et les réactions suscitées chez les alliés et les partenaires des États-Unis n’ont pas empêché M. Trump de signer officiellement l’ordre de retrait des 2.000 soldats américains de Syrie. Le Pentagone l’a annoncé le 23 décembre.

Dans le même temps, via Twitter, M. Trump a dit avoir eu une « une conversation téléphonique longue et productive » avec Recep Tayyip Erdogan, son homologue turc, lequel ne cesse d’évoquer l’imminence d’une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie contre les milices kurds syriennes, qu’il considère comme terroristes, en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK].

Ainsi, selon le chef de la Maison Blanche, les deux hommes ont évoqué « l’EI, notre engagement mutuel en Syrie et le retrait lent et extrêmement coordonné des troupes américaines de la région » ainsi que des relations commerciales « considérablement accrues ». Ce qu’a confirmé M. Erdogan, également via Twitter.

En outre, Ankara a ensuite assuré que MM. Trump et Erdogan avaient « convenu d’assurer la coordination entre les militaires, les diplomates et d’autres responsables de leurs pays pour éviter un vide de pouvoir qui pourrait résulter d’une exploitation du retrait [américain] et de la phase de transition en Syrie. »

Pour les groupes rebelles syriens soutenus par Ankara, le désengagement américain pourrait pousser les milices kurdes syriennes à se rapprocher du régime de Damas afin de tenter de préserver l’autonomie des régions que ces dernières ont conquises contre Daesh.

Quant à la lutte contre l’organisation jihadiste, M. Trump a dit avoir reçu l’assurance de la part de M. Erdogan que les forces turques et leurs supplétifs allaient dorénavant s’en charger.

« Le président Erdogan […] m’a donné des assurances dans des termes très forts qu’il va éradiquer ce qui reste de l’EI en Syrie. Nos troupes rentrent à la maison! « , a en effet indiqué M. Trump, via, encore une fois, Twitter.

Ces dernières années, M. Erdogan a dit beaucoup de choses fausses au sujet de la coalition anti-jihadiste, qu’il a même accusée de « soutenir Daesh » pour se maintenir en Syrie afin d’appuyer les milices kurdes syriennes. En revanche, il a été beaucoup moins disert pour évoquer la passivité de ses troupes lors de la bataille de Kobané, les liens du financier de l’EI Abou Sayyaf avec des officiels turcs, la livraison d’armes par le MIT [service de renseignement turc, ndlr] aux jihadistes, en 2014, ou encore,  le trafic de pétrole ayant transité par la Turquie…

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