La Turquie a envoyé des renforts dans le nord de la Syrie, près des zones tenues par les milices kurdes

Les soldats américains présents aux côtés des milices kurdes syriennes qu’ils conseillent dans le cadre des opérations menées contre l’État islamique [EI ou Daesh] ne sont pas encore partis que les forces turques se mettent en mouvement.

En effet, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs dans le pays, « quelque 35 chars et autres armes lourdes, transportés à bord de porte-chars, ont traversé en début de soirée le poste-frontière de Jarablos » [ou Jarablus].

Pour rappel, la localité de Jarablos avait été conquise en 2016 par les forces turques et les groupes rebelles syriens soutenus par Ankara lors de l’opération Bouclier de l’Euphrate, la première lancée par la Turquie dans le nord de la Syrie.

Ces chars turcs « se sont dirigés vers une zone près de la rivière Sajour, entre Jarablos et Manbij, non loin des lignes de front où sont stationnés des combattants [kurdes] du conseil militaire » de Manbij », a ensuite précisé l’OSDH.

La localité de Manbij, d’où les jihadistes avaient été chassés par les Forces démocratiques syriennes [FDS, dont les milices kurdes syriennes font partie, ndlr], est un objectif prioritaire pour Ankara. Jusqu’alors, la présence de militaires américains et de forces spéciales françaises, a contrarié les plans d’Ankara, qui dut renoncer à s’emparer de la ville en mars 2017.

Cependant, les États-Unis et la Turquie trouvèrent un accord visant à éloigner de Manbij les milices kurdes syriennes, considérées comme « terroristes » à Ankara, à organiser des patrouilles conjointes turco-américaines et à laisser le contrôle de la ville à un autre groupe des FDS [le Conseil militaire de Manbij, ndlr].

Ce renforcement des moyens militaires turcs évoqué par l’OSDH a été confirmé à l’AFP par un responsable d’un groupe rebelle syrien pro-turc. Ainsi, a-t-il confié, l’état-major turc a demandé aux factions qu’il soutient de « se tenir en état d’alerte […] sans les exhorter toutefois à rejoindre la zone d’envoi des renforts. »

Le 21 décembre, et ayant désormais les mains libres après l’annonce de M. Trump de retirer les forces américaines de Syrie, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a une nouvelle fois évoqué le lancement d’une nouvelle offensive de ses troupes contre les milices kurdes.

« Si le retrait des troupes américaines est mis en application, c’est la Turquie qui va éradiquer les jihadistes de l’État islamique tout comme les milices kurdes des YPG », a-t-il en effet assuré. Selon lui, il aurait accepté de retarder cette opération militaire qu’il disait imminente lors d’une conversation avec son homologue américaine, le 14 décembre dernier. Ce report doit permettre aux soldats américains de se retirer des positions qu’ils occupent sur la rive orientale de l’Euphrate, en Syrie.

« Nous avions décidé la semaine dernière de lancer une incursion militaire à l’est de l’Euphrate […] Notre entretien téléphonique avec le président Trump, ainsi que des contacts diplomatiques et les déclarations des Etats-Unis, nous ont conduits à attendre un peu plus », a expliqué M. Erdogan. Et d’ajouter : « Nous retardons notre opération militaire à l’est de l’Euphrate jusqu’à ce que nous constations sur le terrain les conséquences de la décision américaine de se retirer de Syrie. »

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