Soupçonné d’avoir eu un rôle dans l’attentat contre Charlie Hebdo, le jihadiste Peter Cherif a été arrêté à Djibouti

Recherché depuis janvier 2011, le jihadiste Peter Cherif, alias Abou Hamza a été arrêté le 16 décembre dernier à Djibouti, où il a été placé en garde à vue dans l’attente de son transfert probable vers la France. Et il s’agit d’une prise importante pour les services de renseignement français étant donné qu’il est fortement soupçonné n’avoir joué un rôle dans la préparation de l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015 [12 morts et 11 blessés].

Né en 1982, Peter Cherif se fait d’abord connaître de la justice par des braquages et des vols à main armée. Puis, au début des années 2000, il se convertit à l’islam et fréquente alors la mosquée Adda’wa [Paris 19e], où il rencontre Farid Benyettou, un extrémiste aujourd’hui « repenti », qui organise à l’époque des départs de volontaires vers l’Irak pour y combattre les forces américaines, ainsi que les frères Kouachi, les auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo.

Quand cette filière – dite des « Buttes Chaumont » – de recrutement est démantelée, en 2005, Peter Cherif est emprisonné en Irak, après avoir été fait prisonnier par les forces américaines alors qu’il combattait dans les rangs de la branche irakienne d’al-Qaïda à Falloujah [2004]. Condamné en juillet 2006 à 15 ans de prison, il réussit à s’évader de la prison de Badouche, où il était détenu, à la faveur d’une attaque jihadiste.

Par la suite, Peter Cherif part en Syrie. Là, il décide finalement de se rendre aux autorités françaises. Incarcéré pendant 18 mois, il est alors laissé en liberté avant la tenue de son procès. Mais à l’ultime jour de ce dernier, en janvier 2011, il prend à nouveau la fuite. Sa trace est retrouvée au Yémen, où il rejoint al-Qaïda dans la péninsule arabique [AQPA], l’organisation qui revendiquera plus tard l’attaque contre Charlie Hebdo.

Depuis le Yémen, il entretient des contacts avec Chérif et Saïd Kouachi. L’un des deux frères – Saïd – l’y rejoindra pour se former au maniement de armes et s’entraîner au tir. D’où les soupçons le concernant au sujet d’une possible participation à la préparation de l’attaque contre Charlie Hebdo.

Enfin, il aurait aussi eu des contacts avec Amedy Coulibaly, l’auteur de l’attaque de l’Hyper Cacher et l’assassin de la policière municipale Clarissa Jean-Philippe.

Selon les Nations unies, Peter Cherif était recherché pour « participation au financement, à la planification, à la facilitation, à la préparation ou à la perpétration d’actes » terroristes pour le compte d’al-Qaïda en Irak et d’AQPA.

« Il est fortement soupçonné d’avoir servi d’interprète à AQPA lors de l’enlèvement de trois travailleurs humanitaires français au Yémen. L’un des anciens otages a reconnu sa voix. En conséquence, les autorités françaises ont lancé un mandat d’arrêt international contre lui le 16 janvier 2015. Il participait au recrutement de combattants terroristes étrangers et facilitait leur voyage au Yémen depuis la Tunisie, via Oman », précise encore sa fiche.

Reste maitenant à voir ce que faisait Peter Cherif à Djibouti, qui accueille des bases militaires françaises et américaines. C’est de là que, par exemple, décollent les drones MQ-9 Reaper engagés dans des missions de frappe contre AQPA. Pour le moment, on ignore encore dans quelles circonstances il a été arrêté.

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