Les dépenses militaires des pays membres de l’Otan devraient dépasser 1.000 milliards de dollars en 2019

Il est toujours compliqué de comparer les études sur les dépenses militaires régulièrement publiées par divers instituts et autres centres de recherche dans la mesure où le périmètre qu’ils retiennent n’est généralement pas le même. Et les chiffres qu’ils avancent ne correspondent pas toujours aux données officielles données par les États, lesquels annoncent – et c’est une difficulté supplémentaire – des budgets pouvant être différents de ceux réellement exécutés quand vient la fin de gestion, qui n’est pas partout fixée à la même période de l’année.

Par exemple, en juin dernier, le ministère français des Armées a indiqué que son budget s’était élevé, en 2017, à 33,5 milliards d’euros, soit 800 millions de plus par rapport à ce que prévoyait la loi de finances initiale 2017, malgré les annulations de crédits de l’été ayant conduit à la démission du général Pierre de Villiers, alors chef d’état-major des armées [CEMA].

Cette somme de 33,5 milliards d’euros ne prend pas en compte les pensions ainsi que le budget de la gendarmerie, qui a un statut militaire, contrairement, par exemple, à l’Italie, où le « traçage » des dépenses est encore plus compliqué dans la mesure les appels d’offres et les prodécures d’achat ne relèvent pas du ministère de la Défense mais de celui de l’Industrie.

Quoi qu’il en soit, et selon le périmètre qu’il a retenu, le cabinet IHS Markit, spécialisé dans l’information financière, a indiqué que les dépenses militaires mondiales avaient augmenté de 4,9% en 2018, pour atteindre les 1.780 milliards de dollars.

Les budgets militaires cumulés des pays membres de l’Otan représentent à eux-seuls 56% de ce montant. Cette année, leurs dépenses militaires ont augmenté de 5,8% [soit +54 milliards] pour atteindre les 989 milliards de dollars [867 milliards d’euros, ndlr]. Cette tendance va se poursuivre l’an prochain, estime IHS Markit, qui prévoit un montant supérieur à 1.000 milliards.

Les États-Unis jouent le rôle de locomotive, le budget du Pentagone étant de 656,7 à 702,5 milliards de dollars entre 2017 et 2018.

« Après une période difficile […] dans la foulée de la crise financière mondiale, les pays membres de l’Otan ont commencé à augmenter leurs budgets de défense face aux menaces émergentes », a expliqué Fenella McGerty, analyste principal chez Jane’s. « Cela a ralenti le mouvement de balance des budgets de défense vers les pays émergents », a-t-elle ajouté.

Cela étant, dans le classement des 10 pays qui dépensent le plus pour leur défense, seulement quatre appartiennent à l’Otan, dont les États-Unis [évidemment 1er], le Royaume-Uni [4e], la France [6e] et l’Allemagne [9e].

La progression des budgets militaires aura été plus marquée pour des pays n’appartenant pas à l’Otan. Tel est le cas de l’Arabie Saoudite qui, avec des dépenses militaires évaluées à 56 milliards de dollars, se classe à la 6e position. Celles de la Russie n’ont que très peu évolué d’une année sur l’autre, passant de 50,9 à 51,6 milliards de dollars. Ce qui lui assure la 7e place, comme en 2017.

Justement, s’agissant des tensions avec la Russie, le rapport note que, en 2018, « 6 des 10 budgets de la défense ayant connu la croissance la plus rapide au monde étaient situés en Europe de l’Est ». Et d’ajouter que les « dépenses consacrées à la défense dans la région ont augmenté de près de 9% en 2018 », avec notamment des budgets en augmentation en Pologne, en Roumanie et en Ukraine. « Les dépenses en équipements militaires ont notamment plus que doublé dans la région depuis l’annexion de la Crimée en 2014 », insiste-t-il.

Les pays les plus dépensiers en matière militaire se trouvent en Asie. La Chine [2e du « top 10 »] a investi 207,6 milliards de dollars pour maintenir et accroître ses capacités militaires [soit +16,4 milliards de dollars]. À noter que le montant donné par IHS Market est largement supérieur à celui admis par Pékin qui, en mars dernier, a annoncé un budget en hausse de 8% environ, à 175 milliards de dollars.

Suivent ensuite, dans ce classement, l’Inde [3e, avec 62,1 milliards de dollars, soit 5 fois plus que le budget militaire du rival pakistanais], le Japon [8e, 45,1 milliards] et la Corée du Sud [10e, 39,1 milliards]. La Turquie fait son entrée à la 20e place, avec des dépenses militaires évaluées à 13 milliards de dollars.

Toujours selon le rapport d’IHS Market, l’on constate que le budget militaire iranien a dépassé de 1,4 milliard celui d’Israël, estimé à 16 milliards.

Pour les cinq prochaines années, le cabinet d’informations financières table sur une croissance plus modérée des dépenses militaires mondiales, avec une progression de 2%. Ce ralentissement serait dû à l’Europe et aux États-Unis.

« En 2018, nous avons observé un renversement de la tendance récente où les pays Occidentaux tiraient la croissance. Pour l’avenir, nous considérons toujours l’Asie et le Moyen-Orient comme les principales sources d’augmentations durables des dépenses de défense », a expliqué Craig Caffrey, analyste principal à la revue Jane’s.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]