Le président Trump a ordonné la création d’un « commandement militaire de l’espace »

Déjà qu’elle suscite de fortes réticences, notamment du côté du Pentagone et plus particulièrement de celui de l’US Air Force, qui craint de perdre ses prérogatives dans ce domaine, la création d’une « Space Force », c’est à dire d’une 6e branche des forces armées américaines voulue par la Maison Blanche, sera certainement encore plus compliquée que prévu étant donné que plusieurs membres démocrates de la Chambre des représentants, récemment élus, ont fait savoir qu’ils s’y opposeraient. D’autant plus qu’une telle mesure serait très coûteuse, la somme de 13 milliards de dollars ayant été avancée.

En attendant, et c’est sans doute un premier pas vers cette Space Force, le président Trump, a publié un message dans lequel il ordonne à James Mattis, son secrétaire à la Défense, de créer « conformément à la législation des États-Unis, d’un commandement américain de l’espace » et de recommander le nom d’un officier de haut rang pour en prendre les rênes.

Ce nouveau commandement militaire de l’espace [ou US SPACECOM] sera donc chargé de superviser toutes les activités spatiales dans le domaine militaire et aura des fonctions à la fois opérationnelles [comme les commandements régionaux, tels que EUCOM, CENTCOM, AFRICOM, etc] et fonctionnelles [à l’instar du l’US STRATCOM, le commandement stratégique ».

« Il développera une doctrine spatiale, des tactiques, des techniques et des procédures qui permettront à nos combattants de défendre notre nation dans ce nouveau domaine », a précisé Mike Pence, le vice-président américain, lors d’un discours prononcé au Kennedy Space Center, où il devait assister au lancement du premier des 10 satellites de géolocalisation commandés par l’US Air Force pour le GPS de troisième génération, qui sera trois plus précis et disposera de capacités anti-brouillage 8 fois supérieures.

Cela étant, M. Pence n’a pas pu assister à cet événement : le lancement, par SpaceX, de la fusée devant mettre ce satellite en orbite ayant été reporté, comme, du reste, celui du lanceur Soyouz devant emporter le satellite militaire français CSO-1.

Comme il avait déjà eu l’occasion de le faire l’été dernier, le vice-président américain a de nouveau insisté sur la « concurrence stratégique » de la Chine et de la Russie dans l’espace.

« La vérité, c’est que depuis des années, des pays étrangers développent des armes électroniques pour brouiller et désactiver des satellites », a-t-il dit. Et d’insister : « La Chine a testé des missiles destinés à détruire des satellites. La Chine et la Russie cherchent à positionner de nouvelles armes dans l’espace. »

Mais les activités militaires spatiales ne se limiteront probablement pas, à l’avenir, à la géolocalisation, à l’observation, aux communications ou encore au renseignement. Nouvellement affectée à la tête de l’Air Mobilité Command [AMC], Mme le général Maryanne Miller a confirmé l’intérêt [déjà exprimé par son prédécesseur, ndlr] de l’espace pour le transport de fret.

« Nous continuons […] à discuter avec les sociétés spatiales et avons convenu […] de rester au courant de la progression de leurs projets futurs. […] Nous n’engagerons aucune ressource, mais nous nous sommes engagés à travailler avec elles pour voir à quelle vitesse elles progressent dans ce domaine », a récemment déclaré Mme le général Miller.

Ainsi, par exemple, chez SpaceX, le lanceur BFR [Big Falcon Rocket], qui sera totalement réutilisable, sera en mesure d’emporter une charge de 150 tonnes.

Les dirigeants de SpaceX « me disent qu’ils peuvent le tour du monde en 30 minutes avec un lanceur BFR. Pensez-y. Trente minutes, 150 tonnes métriques et moins que le coût d’un C-5 [Galaxy] », avait confié le général Carlton Everhart, peu avant de quitter la tête de de l’AMC.

Photo : SpaceX

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