Les États-Unis poussent la Bosnie-Herzégovine à rejoindre l’Otan

Après avoir soutenu le projet du Kosovo de se doter d’une armée nationale, malgré l’opposition de la Serbie, qui y voit une menace sur la stabilité des Balkans, les États-Unis ont exprimé leur soutien à l’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’Otan, le 17 décembre.

Ainsi, lors d’une visite à Sarajevo, le secrétaire d’État adjoint américain, John Sullivan, a affirmé que Washington soutient « avec enthousiasme la décision du gouvernement de Bosnie de poursuivre [la marche vers] son adhésion à l’Otan. « J’ai exprimé ce point de vue au cours de la rencontre avec les trois membres de la présidence aujourd’hui. Nous avons discuté de la position américaine, qui est aussi ferme qu’elle ne l’a jamais été », a-t-il ajouté.

Le problème est que cette éventuelle adhésion est tout, sauf simple. Depuis les accords de Dayton, la Bosnie est divisée en deux entités : la Fédération croato-bosniaque, qui regroupe 10 cantons croates et bosniaques, et la Republika Srpska (ou République serbe de Bosnie), qui cultive des liens étroits avec Belgrade.

La présidence de la Bosnie est collégiale. C’est à dire qu’elle est assurée, à tour de rôle, par trois membres élus au suffrage direct. Un Bosniaque et un Croate sont ainsi désignés par la Fédération croato-bosniaque tandis que le représentant serbe est élu par la Republika Srpska. Les responsabilités sont exercées à tour de rôle, pendant un période de 8 mois. Actuellement, c’est le serbe Milorad Dodik qui en assure l’exercice.

Or, ce dernier, par ailleurs proche du président russe, Vladimir Poutine, et visé par des sanctions américaines depuis 2017, n’est absolument pas favorable à une adhésion de la Bosnie à l’Otan, au point d’évoquer l’indépendance de la Republika Srpska à l’égard de Sarajevo.

« Nous avons à la présidence un consensus sur la voie européenne et j’ai eu l’occasion de dire qu’il n’y pas de consensus sur l’Otan parce que la Republika Srpska n’est pas prête à aller plus loin sur ce sujet », a ainsi affirmé M Dodik à la presse, après la rencontre avec le n°2 de la diplomatie américaine.

Évidemment, une adhésion de la Bosnie à l’Otan serait un camouflet pour la Serbie et la Russie qui a accru son influence uprès de la Republika Srpska.

Reste que, pour Sarajevo, rejoindre l’Otan est une priorité plusieurs fois réaffirmée. Cela a commencé en 2006, quand la Bosnie a adhéré au Partenariat pour la Paix (PPP) de l’Alliance. Depuis, ce pays des Balkans a été invité à participer au plan d’action pour l’adhésion (MAP), sous réserve de mener à bien des réformes importantes.

Début décembre, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Alliance atlantique ont décidé de « poursuivre le soutien à la Bosnie-Herzégovine ». Et d’ajouter : « Dans le cas où Sarajevo déciderait de franchir le pas, l’Otan est maintenant disposée à accepter le premier programme national annuel de la Bosnie-Herzégovine, qui est un outil de coopération englobant des réformes en matière de politique, d’économie et de défense ».

Mais pour le moment, il ne s’agit que d’une conjecture étant donné que les trois membres de la présidence collégiale ne sont pas d’accord sur ce sujet. Aussi, déjà qu’elle a adopté une résolution sur sa « neutralité militaire » par rapport aux alliances internationales, il n’est pas exclu de voir la Republika Srpska faire sécession si jamais Sarajevo poursuit sa marche en avant vers l’Otan. Or, c’est un scénario dont ne veut pas entendre parler Washington.

En effet, M. Sullivan a affirmé que les États-Unis étaient « déterminés à protéger » la « souveraineté et l’intégrité territoriale » de la Bosnie. Et de mettre en garde contre « les appels à la sécession ou à l’établissement d’une troisième entité. »

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