Ankara annonce une nouvelle opération militaire contre les milices kurdes syriennes « dans les prochains jours »

Alors que, la semaine passée, les Forces démocratiques syriennes [FDS], dont les milices kurdes syriennes [YPG] constituent l’épine dorsale, ont annoncé des « progrès » dans l’offensive qu’elles mènent à Hajine, le dernier bastion de l’État islamique [EI ou Daesh], le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé, ce 12 décembre, qu’une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie serait lancée dans « les prochains jours ».

« Nous disons que notre opération pour sauver l’est de l’Euphrate de l’organisation terroriste séparatiste va commencer dans les prochains jours », a en effet affirmé M. Erdogan, en faisant référence aux YPG, considérées comme étant « terroristes » à Ankara, en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK], à l’origine d’une sanglante guérilla en Turquie depuis 1984.

Ce n’est pas la première fois que M. Erdogan agite le spectre d’une intervention militaire turque dans les zones tenues par les milices kurdes syriennes dans le nord de la Syrie, à l’est de l’Euphrate. Le 30 octobre dernier, il avait assuré que les forces turques, et leurs supplétifs syriens, se préparaient pour ce qui serait la troisième opération menée par Ankara en territoire syrien, après « Bouclier de l’Euphrate [août 2016 – mars 2017] et « Rameau d’olivier [janvier 2018, dans le canton d’Afrin].

Conséquence : les FDS avaient suspendu leur participation à l’opération « Roundup » contre l’organisation jihadiste, laquelle, profitant de conditions météorologiques favorables, lança une série de contre-offensives meutrières.

Mais pour la coalition anti-jihadiste, dirigée par les États-Unis, il n’était pas question de voir se répéter le même scénario qu’en janvier dernier. En s’attaquant à Afrin, alors sous contrôle kurde, la Turquie avait détourné les FDS de leurs opérations contre l’EI, ce qui avait laissé du répit aux jihadistes. Aussi, Washington a assuré à Ankara que les forces américaines surveilleraient la frontière turco-syrienne afin d’éviter tout mouvement kurde vers la Turquie.

« Nous sommes en train d’installer des tours d’observation dans plusieurs zones le long de la frontière syrienne, la frontière nord de la Syrie », avait ainsi indiqué James Mattis, le chef du Pentagone. « L’objectif est de s’assurer que les FDS ne se retirent pas du combat, pour que nous puissions écraser ce qui reste du califat », avait-il précisé.

Et d’ajouter que ces tours d’observation allaient être « clairement marquées jour et nuit, pour que les Turcs sachent exactement où elles sont », en soulignant que la décision de les installer avait été prise « en coopération étroite avec la Turquie. »

« La Turquie, alliée de l’Otan, a des inquiétudes légitimes concernant les menaces terroristes et leur origine. Nous ne rejetons aucune de ses préoccupations », avait justifié M. Mattis.

Mais visiblement, ces « tours d’observation » sont loin d’avoir les faveurs de M. Erdogan, qui, si l’on en croit Washington, les a poutant acceptées. « Il est évident que l’objectif des radars et des postes d’observations installés par les États-Unis n’est pas de protéger notre pays des terroristes, mais de protéger les terroristes de la Turquie », a ainsi affirmé le président turc.

Seulement, des militaires américains [comme des membres des forces spéciales françaises] se tiennent aux côtés des miliciens kurdes syriens. Aussi, l’opération annoncée par M. Erdogan présente des risques d’incidents graves entre « alliés. Pour autant, a-t-il dit, « notre objectif, ce ne sont pas les soldats américains, mais les membres de l’organisation terroriste active dans cette région. »

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