Pour Paris, le trafic d’armes dans les Balkans est toujours une « menace majeure pour la sécurité européenne »

En mars 2016, Interpol mobilisa 5.000 policiers pour une opération de deux jours visant à lutter contre le trafic d’armes légères dans les Balkans, région où la mouvance jihadiste n’est pas sans influence. Et le bilan des perquisitions, menées en Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie et Slovénie, pouvait sembler maigre : une quarantaine d’armes furent saisies, de même que 6 kg d’explosifs, 11 grenades et 1.300 munitions. Au total, 22 personnes avaient été interpellées.

Plus de deux ans après, la question de la circulation des armes légères dans les Balkans est toujours d’actualité, au point que, selon Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, elle représente toujours une « menace majeure pour la sécurité européenne ». Son homologue allemand, Heiko Maas, au côté duquel il se trouvait, ce 11 décembre, a jugé la situation « inacceptable. »

Et pour cause. « Europol estime qu’il y a entre 3 et 6 millions d’armes à feu actuellement en circulation dans les Balkans occidentaux. C’est énorme », a souligné M. Le Drian. Et, a-t-il rappelé, « lors des attentats en France en janvier et novembre 2015 les terroristes avaient utilisés des armes illicites en provenance de cette région ». Notamment des  » Zastava M70″, c’est à dire la version serbe du fusil d’assaut AK47.

En 2016, à l’occasion d’un déplacement à Belgrade d’une délégation de magistrats emmenés par Robert Gelli, le directeur des affaires criminelles et des grâces du ministère de la Justice, Robert Gelli, l’ambassade de France en Serbie avait expliqué que « à la suite des conflits dans les Balkans des années 1990, des groupes criminels locaux s’étaient emparés de nombreuses armes pour lesquelles ils avaient trouvé des débouchés en Europe de l’Ouest, et notamment en France. »

Et d’ajouter : « Ainsi, une part significative des armes à feu – et notamment des armes de guerre – circulant sur le territoire national provient aujourd’hui des Balkans, en particulier de Serbie. »

D’où la mesure annoncée par M. Le Drian, consistant à « mettre en place un poste de coopérant chargé de la lutte contre le trafic d’armes à feu à l’ambassade à Belgrade. » Il est aussi question pour la France de « contribuer au financement d’équipements et de logiciels d’identification pour les forces de l’ordre. »

Pour rappel, la Revue stratégique français, publiée en octobre 2017, avait évoqué la situation dans les Balkans, considérés comme un « enjeu majeur pour l’Europe et pour la sécurité de l’ensemble du continent. »

« La région reste divisée par son histoire et par des trajectoires économiques très contrastées. Ainsi, cette zone souffre de faiblesses qui peuvent être utilisées à des fins de déstabilisation par des mouvements radicaux (notamment jihadistes), des groupes criminels ou des Etats tiers », était-il expliqué dans le document. Et d’insister : « Le retour de troubles dans les Balkans représenterait un lourd échec des efforts réalisés par l’UE et l’Otan pour la stabilisation de cette région. Il aurait également un impact sérieux sur la sécurité intérieure des pays européens. »

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