La Russie envoie deux bombardiers stratégiques TU-160 « Blackjack » au Venezuela pour des exercices

« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » lance le comte de Gormas à Rodrigue, dans Le Cid de Pierre Corneille. Et cela vaut pour Nicolas Maduro, le président du Venezuela, dont le parti vient de remporter les élections municipales alors que la situation économique du pays est catastrophique. En interdisant à l’opposition de prendre part au scrutin parce qu’ils avaient déjà boycotté l’élection présidentielle de mai dernier, le Parti socialiste uni du Venezuela ne pouvait qu’avoir la tâche facile, d’autant plus que le taux d’abstention a, une fois de plus, été élevé.

Cela étant, les problèmes économiques du Venezuela demeurent et qu’ils suscitent une vague d’émigration susceptible de déstabiliser les pays voisins.

En août 2017, le président américain, Donald Trump, avait évoqué une « option militaire » contre Caracas. De même que, septembre dernier, le secrétaire général de l’Organisation des États d’Amérique, l’Urugayen Luis Almagro. Ce dernier avait souligné le caractère « dictarorial » du régime vénézuélien, auquel il reprochait d’avoir refusé une aide humanitaire proposée par les États de la réfion. Il utilise « la misère, la faim, le manque de médicaments et des instruments répressifs pour imposer sa volonté politique au peuple […] ce qui est inadmissible », avait-il dénoncé.

Pour autant, Caracas ne manque pas d’appuis. Lors d’une visite à Pékin, M. Maduro a ainsi signé 28 accords pour une « coopération renforcée » dans l’exploration gazière, l’extraction d’or et les produites pharmaceutiques, en échange d’une nouvelle aide financière. Au cours des 10 dernières années, la Chine a prêté plus de 50 milliards de dollars au Venezuela, en échange de concessions minières et pétrolières.

Outre la Chine, le régime vénézuélien peut compter sur la Russie, notamment dans le domaine militaire. Au cours d’un déplacement à Moscou, M. Maduro a obtenu la promesse d’un investissement de 6 milliards de dollars pour soutenir le secteur minier et pétrolier. Et aussi (et surtout) un soutien politique de la part du chef du Kremlin, Vladimir Poutine.

« Nous soutenons vos efforts visant à aboutir à la paix sociale et toutes vos actions visant à harmoniser les relations avec l’opposition. […] Et naturellement, nous condamnons toutes les actions à caractère évidemment terroriste, toutes les tentatives de renverser la situation à l’aide de la force », a ainsi déclaré M. Poutine, le 5 décembre, alors qu’il recevait son homologue vénézuélien.

Mais le soutien russe est aussi militaire. Ainsi, le 10 décembre, Moscou a annoncé l’envoi au Venezuela de deux bombardiers stratégiques Tu-160 « Blackjack » et de deux avions de transport [un An-124 et un Il-62] sans donner les objectifs et la durée de leur mission. Ces appareils ont atterri à l’aéroport international Maiquetía – Simón Bolívar, près de Caracas.

Les précisions ont été données par Vladimir Padrino Lopez, le ministre vénézuélien de la Défense.

« Nous devons dire au peuple vénézuélien et au monde entier que, tout comme nous coopérons dans divers domaines de développement pour les deux peuples, nous nous préparons également pour défendre le Venezuela », a déclaré M. Padrino Lopez, alors qu’il accueillait une centaine de militaires russes. « Cela nous allons le faire avec nos amis, parce que nous avons des amis dans le monde qui défendent des relations respectueuses d’équilibre et de qualité entre États », a-t-il ajouté.

Ce n’est pas la première fois que des bombardiers stratégiques russes Tu-160 sont envoyés au Venezuela. Cela avait en effet déjà été le cas en 2013, ce qui avait d’ailleurs donné lieu à un incident avec la Colombie, Bogota les ayant accusés d’avoir violé son espace aérien.

Selon le ministre vénézuélien, ce nouveau déploiement de Tu-160 russes entre dans le cadre d’une « nouvelle expérience ». Il est question « d’échanges de vols opérationnels […] pour élever le niveau d’interopérabilité des systèmes de défense aérospatiale » des deux pays, a-t-il indiqué. « Que personne dans le monde ne soit effrayé par la présence des ces bombardiers stratégiques sur le territoire vénézuélien, nous sommes des constructeurs de paix et non de guerre », a-t-il ajouté.

Pour rappel, le Tu-160 « Blackjack » est un appareil imposant [54 m de long pour 55 m d’envergure], capable d’emporter une charge offensive maximale de 40 tonnes, dont des missiles à capacité nucléraire Kh-55 [code Otan : As-15 « Kent »] et Kh-15 [code Otan : As-16 « Kickback »]. Il est en mesure de voler à la vitesse de 2.200 km/h et parcourir 13.200 km.

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