Les entreprises russes de l’armement ont connu une forte croissance de leurs ventes en 2017

Comme tous les ans, en décembre, le Stockholm International Peace Research Institute [SIPRI] publie son palmarès des 100 plus importants industriels du secteur de l’armement au niveau mondial. En 2016, les ventes de ces derniers étaient reparties à la hausse [+1,9%], pour s’établir à 374,8 milliards de dollars, après un trou d’air dû, notamment, à une baisse des dépenses militaires américaines.

Un an après, selon le SIPRI, cette tendance à la hausse s’est confirmée, avec une progression de 2,5% des ventes de ces 100 principaux acteurs de l’industrie de l’armement. Les principaux bénéficiaires de cette hausse sont les groupes américains du secteur. Et Lockheed-Martin fait largement la course en tête, avec 44,9 milliards de dollars de ventes, soit 18 milliards de plus que Boeing, second sur le podium.

Plus généralement, les ventes des principales entreprises américaines de l’armement ont atteint les 226,6 milliards de dollars en 2017, soit 57% du marché mondial. Cinq d’entre-elles figurent parmi le « top 10 » du palmarès établi par le SIPRI.

« Les entreprises américaines bénéficient directement de la demande en armes » du Pentagone, a expliqué Aude Fleurant, directrice du programme « Armes et Dépenses militaires » de l’institut suédois.

Si le niveau des ventes des groupes américains de l’armement n’est pas une surprise en soi, celle des entreprises russes est inédit. Depuis 1989, année à partir de laquelle le SIPRI a commencé à établir son classement annuel, jamais un industriel russe ne s’était hissé dans le top 10. C’est désormais le cas avec Almaz-Anteï, connu pour fabriquer les systèmes de défense aérienne S-300 et S-400. Son chiffre d’affaires de 8,6 milliards de dollars, en progression de +17% par rapport à 2016, lui permet d’occuper la dixième place.

Au total, avec un chiffre d’affaires de 37,7 milliards de dollars (+8,5%), les entreprises russes représentent 9,5% des ventes réalisées par les groupes du Top 100 du SIPRI.

Outre Almaz-Anteï, trois autres entreprises russes classées dans le Top 100 ont aussi significativement augmenté leurs ventes. Tel est le cas d’United Engine Corporation (+25%), de High Precision Systems (+22%) et de Tactical Missiles Corporation (+19%).

« Les entreprises russes connaissent une croissance significative de leurs ventes d’armes depuis 2011 », a commenté Siemon Wezeman, un chercheur du SIPRI. « Ceci est conforme à l’augmentation des dépenses de la Russie en matière d’achat d’armes pour moderniser ses forces armées », a-t-il ajouté.

Désormais, l’industrie russe de l’armement a détrôné celle du Royaume-Uni de la seconde place, qu’elle occupait depuis 2002. Les groupes britanniques du Top 100 ont vendu pour 35,7 milliards d’armes, soit 2,3% de plus qu’en 2016, ce qui représente 9% de la production mondiale. Et BAE Systems demeure le plus important en Europe, avec 22,9 milliards de ventes, en progression de 3,3%.

Quant aux six entreprises françaises du Top 100, elles ont aussi enregistré des résultats en forte progression (+11% au total), pour atteindre 21,3 milliards de dollars. Et cela grâce à des contrats importants obtenus notamment en Inde et au Qatar (Rafale) Dassault Aviation et Naval Group ont su tirer leur épingle du jeu, leurs ventes ayant augmenté respectivement de 48% (à 2,1 milliards de dollars) et de 15% (à 4,1 milliards). Toutefois, Thales reste le premier groupe français du classement établi par le Sipri (8e place), avec des ventes s’élevant à 9 milliards de dollars.

Par ailleurs, le Sipri note la forte hausse (+24%) des ventes d’armes réalisées par les entreprises turques. « Cette augmentation importante
reflète les ambitions de la Turquie de développer son industrie d’armement afin de répondre à sa demande croissante en armes et devenir moins dépendante des fournisseurs étrangers », souligne Pieter Wezeman, chercheur principal du programme Armes et Dépenses militaires.

L’industrie indienne de l’armement a également connu une bonne année 2017, avec quatre entreprises qui, classées dans le Top 100, ont totalisé 7,4 milliards de dollars de ventes (1,9% du marché).

Cela étant, ce classement ne prend pas les résultats des industriels chinois de l’armement en compte. Or, l’on sait que les exportations d’équipements militaires de la Chine connaissent une hausse continue depuis plusieurs années (+38% sur la période 2013-2017) et que les entreprises du secteur doivent répondre à une forte demande intérieure, dans le cadre de la modernisation des capacités de l’Armée populaire de libération.

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