L’allemand Rheinmetall viserait 75% des parts de KNDS, l’alliance formée par Nexter et Krauss-Maffei Wegmann

Actuellement, la famille Bode Wegmann, via Wegmann & Co Gbh, et l’État français, via Giat Industries, sont actionnaires à parts égales de KMW+Nexter Defense Systems [KNDS], une co-entreprise franco-allemande dans le domaine de l’armement terrestre. Cette opération avait été facilitée par le fait que les deux entités avaient chacune un périmètre similaire.

Cet équilibre risque d’être bouleversé si l’allemand Rheinmetall, qui affiche un chiffre d’affaires de près de 6 milliards d’euros, réussit à mettre la main sur Wegmann & Co Gmbh, et donc sur Krauss-Maffei Wegmann [KMW], comme il l’a annoncé le 26 novembre dernier.

Cette opération est logique d’un point de vue allemand : les deux groupes étant à la fois partenaires et concurrents selon les programmes d’armement. En effet, le châssis du char Leopard est fabriqué par KMW alors que la tourelle et les munitions relèvent de Rheinmetall. Même chose pour le véhicule blindé de combat d’infanterie Puma.

D’après le journal allemand Welt am Sonntag, le comité de direction de Rheinmetall souhaiterait acquérir une participation majoritaire au capital de KNDS à long terme.

« Outre l’acquisition des actions de KNDS, d’autres activités propres pourraient être introduites. Cela permettrait à Rheinmetall de détenir environ 75% du capital de KNDS », a indiqué la banque UBS. En clair, l’équilibre franco-allemand n’existerait plus et Nexter se trouverait marginalisé, à l’heure où il est question pour Paris et Berlin de mettre au point un nouveau char de combat destiné à remplacer le Leclerc et le Leopard 2 et à l’heure où le programme SCORPION se concrètise.

« Si Rheinmetall cherche maintenant la majorité […] cet équilibre serait détruit. Ce serait une sorte de déclaration de guerre à Paris, au président français Macron », estime Gerhard Hegmann, chroniqueur de Welt am Sonntag.

D’après le quotidien Les Echos, les autorités françaises seraient « ouvertes » à une rationalisation de l’industrie européenne de l’armement, mais à la condition de ne pas bouleverser les équilibres. Ainsi, le Délégué général pour l’armement, Joël Barre, a rencontré son homologue allemand pour évoquer l’opération de Rheinmetall.

Et plusieurs options seraient sur la table : un scénario type Airbus, où la parité des actionnaires est assurée sans nécessairement prendre en compte le volume d’activité que les différentes entités mettront dans la corbeille, la vente de certaines activités de Rheinemtall ou encore l’achat d’actions KMW par l’État français, lequel détient par ailleurs une action spécifique dans KNDS.

Quoi qu’il en soit, l’actionnariat de KNDS est figé jusqu’à la fin de l’année 2020. D’ici là, le cahier des charges pour les études conceptuelles du futur char de combat franco-allemand devra être dévoilé (ce sera normalement le cas d’ici la fin 2018) et Rheinmettal ainsi que KMW auront remis « leurs propositions industrielles afin de mener avec succès les études et les activités de R&D respectives ».

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