En Belgique, le ministre de la Défense est désormais aussi celui des Affaires étrangères

Le Pacte de Marrakech, qui doit être signé ce 10 décembre, suscite la polémique depuis quelques jours. Et certains « gilets jaunes » accusent même le président Macron de vouloir « vendre la France ». Des responsables politiques en vue ont enchaîné sur le même thème. « Le Rassemblement national exige du président de la République, qui s’apprête à signer avec une glorieuse inconséquence le pacte de Marrakech, de renoncer à cet acte de trahison », a ainsi affirmé Marine Le Pen.

Pourtant, ce Pacte en question vise à prendre en compte le phénomène migratoire en établissant, avec les États signataires, un cadre de coopération juridiquement non contraignant et en proposant des recommandations qu’ils sont libres d’appliquer ou pas.

« Le présent Pacte mondial établit un cadre de coopération juridiquement non contraignant, qui repose sur les engagements convenus par les États Membres dans la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants. Il favorise la coopération internationale en matière de migration entre tous les acteurs compétents, sachant qu’aucun État ne peut gérer seul la question des migrations, et respecte la souveraineté des États et les obligations que leur fait le droit international », est-il précisé dans l’article n°7 de ce texte [.pdf].

Cela étant, plusieurs pays ont fait savoir qu’ils ne signeraient pas ce texte, dont les États-Unis, Israël, la Suisse, la République dominicaine, l’Australie et plusieurs membres de l’Union européenne [Italie, Autriche, Bulgarie, Hongrie, République tchèque, Estonie et Lettonie]. Et, en Belgique, le choix du Premier ministre belge, Charles Michel, à vouloir signer le Pacte de Marrakech a fait voler en éclats la coalition gouvernementale, avec le départ des nationalistes flamands de la N-VA.

Résultat : Sander Loones, qui venait de remplacer Steven Vandeput à la tête du ministère belge de la Défense aura eu à peine le temps de s’installer dans ses bureaux. À peine un mois après être entré en fonction, il a cédé sa place à Didier Reynders qui, issu du Mouvement réformateur, n’était pas fermé la proposition française relative à la modernisation de l’aviation de combat belge. Ce dernier va également cumuler la charge de ministre des Affaires étrangères, ce qui est plutôt inédit.

« La diplomatie sans les armes, c’est la musique sans les instruments », disait Bismarck. Mais peut-on à la fois tenir la baguette et être le premier violon? Là est la question.

En France, lors de sa dernière audition par la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Lecointre, avait évoqué ce sujet.

« Cela m’agace un peu chez certains diplomates cette façon qu’ils ont de dire qu’eux font de la politique et nous de l’action militaire. La politique se traduit dans la diplomatie et dans l’action militaire. L’action diplomatique n’est qu’un des éléments de l’action politique en général, de la politique en général, de même que l’action militaire est un des moyens d’expression de l’action politique au sens large. Il n’y a aucune subordination de l’un à l’autre, il n’y a pas de champ inférieur à l’autre, mais il est vrai que la diplomatie s’appuie évidemment sur le militaire, et que le militaire a, dans ses actions, un impact sur la diplomatie », avait ainsi expliqué le CEMA.

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