Le ministre grec de la Défense fait appel aux dons pour financer l’achat de nouveaux navires militaires

Depuis août, la Grèce est désormais de nouveau en mesure de se financer seule sur les marchés financiers, après huit années de récession économique et trois programmes d’aide de 289 milliards d’euros, lesquels lui avaient été accordés par l’Union européenne et le Fonds monétaire international [FMI] en échange de réformes drastiques.

Durant ces années, le chômage a touché 27,5% de la population active grecque (ce taux est maintenant inférieur à 20%) et un quart du PIB s’est évaporé. Pour autant, la situation économique du pays demeure fragile.

Dans le même temps, la Grèce a maintenu ses dépenses militaires à un niveau supérieur aux 2% du PIB exigé par l’Otan. Mais comme ce dernier a perdu 25% de sa valeur, mécaniquement, les forces armées grecques ont vu leur budget diminuer. D’un montant de 6 milliards d’euros en 2009, il s’élève actuellement à près de 4 milliards.

Aussi, le ministère grec de la Défense doit jongler avec les priorités, quand les ambitions ne sont pas revues à la baisse. Tel a été le cas avec la modernisation des F-16 de ses forces aériennes. Initialement, il était question de porter 155 de ces appareils au standard Block 70 « Viper » pour plus de 2 milliards de dollars sur 10 ans, avec des retombées pour l’industrie locale. Finalement, le plan ne concernera que 85 avions, pour une facture devant atteindre 1,3 milliards de dollars.

Par ailleurs, la Grèce a aussi besoin de moderniser ses capacités navales, notamment sa flotte de surface. Et, à ce titre, Athènes cherche à se procurer des Frégates multimissions [FREMM] auprès de la France depuis plusieurs années.

En avril, le projet grec a été précisé : il serait désormais question de d’acquérir deux FREMM en leasing et deux Frégates de taille intermédiaire [FTI] de type Belhara. Reste que, pour le moment, ce projet n’a pas encore abouti.

D’où l’idée avancée par le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, à l’occasion d’un discours prononcé à l’Académie maritime du Pirée, près d’Athènes.

Ainsi, M. Kammenos a proposé de faire appels aux dons de particuliers pour financer l’achat de nouveaux navires. C’est à dire de faire appel au financement participatif (ou « crowdfunding »), via un compte bancaire spécial ouvert à cet effet. L’État grec y contribuerait également.

« Nous avons maintenant besoin des grands donateurs et bienfaiteurs de notre pays. J’appelle les armateurs grecs et tous les citoyens grecs à participer à l’effort national à compter du 1er janvier 2019, date d’ouverture du compte bancaire pour soutenir la Marine et acheter de nouvelles frégates et un vaisseau amiral », a en effet déclaré le ministre, avant d’assurer qu’il sera le premier à mettre la main à la poche en versant son prochain salaire.

Il faut « se souvenir de l’exemple d’Averoff et de tous les grands bienfaiteurs. Je serai le premier à faire don de mon salaire dans cet effort », a affirmé M. Kammenos, en faisant référence à l’homme d’affaires Georgios Averoff, qui a transféré une grande partie de sa fortune à l’État grec.

Cela étant, l’idée de M. Kammenos n’est pas nouvelle. En novembre 2017, le projet « Socle Défense » avait été proposé par Fabrice Wolf, un consultant « Défense et Innovation » et soutenu par d’anciens chefs d’état-major, dont le général [air] Jean-Claude Paloméros et l’amiral Pierre-François Forrissier. Son principe reposait sur l’appel à l’épargne des Français, via la création d’un Plan d’Épargne Défense Avenir (PEDA), ouvert aux seuls particuliers. L’objectif était de capter une une partie de l’épargne financière volatile annuelle en France. Seulement, cette solution n’a pas été retenue…

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