L’Espagne veut s’inviter dès maintenant dans le développement du système de combat aérien futur franco-allemand

En décembre 2017, l’Espagne avait alors fait savoir qu’elle souhaitait prendre part au développement du Système de combat aérien futur [SCAF], conduit par la France et l’Allemagne. Mais elle n’obtint qu’un statut d’observateur, étant donné que Paris et Berlin s’étaient mis d’accord pour établir d’abord un « socle franco-allemand bien solide » avant d’envisager d’ouvrir ce programme à d’autres partenaires européens.

Depuis, le gouvernement a changé à Madrid. Et, d’après le quotidien El Pais, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, n’entend pas visiblement pas se satisfaire de ce simple statut d’observateur.

Ainsi, Mme Robles a adressé à Florence Parly et Ursula von der Leyen, ses homologues française et allemande, un courrier dans lequel elle a « exprimé le vif intérêt du gouvernement [espagnol] pour ce projet franco-allemand » et demandé « de signer un accord de pleine adhésion de l’Espagne dès que possible. »

« La raison en est claire », explique El Pais. « Si l’industrie aéronautique et électronique espagnole souhaite participer à la production » du SCAF, celle-ci « doit être présente dès sa phase initiale », écrit-il.

En novembre, avait rapporté IHS Janes, le général León Antonio Machés, de la Dirección General de Armamento y Material [DGAM, l’équivalent espagnol de la DGA française, ndlr] avait affirmé, à Berlin que « quelque chose devait se passer [pour développer un remplaçant aux F/A-18 de l’Ejercito del Aire] tôt ou tard. » Et d’ajouter, au sujet du SCAF : « Nous avons besoin d’accéder aux données et de fournir nos capacités industrielles. Nous sommes modestes, mais nous savons comment faire les choses. »

Dans son rapport pour avis sur l’Équipement des forces, le député Jean-Charles Larsonneur a abordé la question d’une éventuelle participation espagnole au programme SCAF.

Ainsi, a-t-il avancé, le Bundesamt für Ausrüstung, Informationstechnik und Nutzung der Bundeswehr [BAAINBw, équivalent de la DGA en Allemagne] « souhaite y associer d’emblée les Espagnols, alors que cet élargissement n’avait pas été évoqué préalablement et […] que les autorités politiques ont validé le principe d’un démarrage franco-allemand préalable à l’ouverture à d’autres partenaires. »

La France ne s’opposerait pas, par principe, à une participation espagnole. Cette dernière ne « constitue en soi un problème de fond tant que leur niveau d’ambition n’est pas déraisonnable », estime ainsi Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA]. Pour autant, le député considère, dans son rapport, « qu’une telle demande, allant si tôt à l’encontre des engagements politiques, ne peut pas être vue comme un signe encourageant. »

Via la SEPI [Società Spagnola Industrial Holdings], l’Espagne détient 4,17% du capital d’Airbus et accueille plusieurs sites du constructeur européen, lesquels emploient plus de 10.000 salariés. Sa participation pourrait donc avoir des incidences sur le montage industriel relatif au SCAF, voire amoindrir le « leadership » français [avec Dassault Aviation] pour ce programme.

Mais d’un autre côté, s’il s’agit aussi de solliciter le Fonds européens de défense pour financer une partie de ce projet, alors la France et l’Allemagne devront s’associer avec un troisième partenaire, la règle étant que, pour bénéficier d’un financement européen, un programme doit réunir trois pays au minimum et inclure au moins trois PME.

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