L’Arabie Saoudite confirme l’achat du système antimissile américain THAAD pour 15 milliards de dollars

Il y a un peu plus d’un an, la Defense Cooperation Security Agency [DSCA], l’agence chargée de gérer les exportations américaines d’équipements militaires, recommandait au Congrès d’approuver la vente de systèmes anti-missiles THAAD [Terminal High Altitude Area Defense] à l’Arabie Saoudite.

Ce qui a été fait depuis car, ce 29 novembre, un porte-parole de la diplomatie américaine a confirmé une information de la chaîne CNBC selon laquelle Riyad a signé un contrat de 15 milliards de dollars [13,2 milliards d’euros] pour acquérir un tel système.

Dans le détail, et d’après l’avis de la DSCA, l’Arabie Saoudite recevra ainsi 44 lanceurs THAAD, 360 missiles intercepteurs, 16 stations de communication et 7 radars AN/TPY-2. Le maintien en condition opérationnelle et la formation des opérateurs sont comprises dans le contrat.

Le système THAAD est en mesure d’intercepter des missiles de portée inférieure à 800 km ayant des trajectoires dites à énergie minimale ou bien des missiles de portée d’au plus 1.500 km ayant des trajectoires dites « tendues ».

Pour justifier sa recommandation, la DSCA avait expliqué que la livraison de ces sytèmes THAAD permettrait de « soutenir la sécurité à long-terme de l’Arabie Saoudite et de la région du Golfe face à l’Iran et aux autres menaces de la région », dont la « menace grandissante des missiles balistiques. »

Ces derniers mois, le royaume saoudien a été la cible de plusieurs tirs de missiles balistiques depuis le Yémen, l’Iran ayant très vraisemblablement, selon un groupe d’experts des Nations unies, livré de tels engins à la rébellion Houthis, cette dernière étant aux prises avec une coalition arabe dirigée par Riyad.

Justement, le 28 novembre, le Sénat américain, qui envisage de suspendre les livraisons d’armes à l’Arabie Saoudite, a adopté la poursuite des travaux sur une résolution exigeant l’arrêt du soutien de Washington à la coalition arabe au Yémen, alors que cette dernière a récemment indiqué qu’elle se passerait désormais des avions ravitailleurs de l’US Air Force pour ses opérations.

Une initiative de même nature, portant plus précisément sur l’implication militaire des États-Unis au Yémen avait déjà fait l’objet d’un débat en mars dernier. Visiblement, le meurtre, en Turquie, du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, a fait bouger les lignes.

« L’Arabie saoudite, du fait de sa situation géographique et de la menace iranienne, est fondamentale pour maintenir la sécurité régionale et celle d’Israël, et nos intérêts dans la stabilité au Proche-Orient », avait plaidé James Mattis, le chef du Pentagone, avant le vote du Sénat. Des relations de long terme nous guident, mais ne nous aveuglent pas. Nous devons maintenir notre double exigence de faire rendre des comptes aux responsables du meurtre tout en reconnaissant la réalité de la nécessité de compter l’Arabie saoudite comme un partenaire stratégique », avait-il ajouté. Ce qui n’a pas convaincu les sénateurs américains.

En revanche, ces derniers le furent davantage le 16 novembre, au moment de se prononcer sur une autre résolution demandant l’arrêt du soutien américain à Manama et défendue, notamment, par le libertarien Rand Paul. En effet, il n’était pas question de sanctionner Bahreïn pour son implication au Yémen étant donné que ce pays abrite la Ve Flotte de l’US Navy.

« Sa volonté d’abriter nos forces navales place en outre le Bahreïn face à un risque plus élevée d’attaques de la part de l’Iran et de groupes terroristes qui veulent frapper les Etats-Unis », avait expliqué le sénateur démocrate Bob Menendez, qui soutient toutefois la suspension des ventes d’armes à l’Arabie Saoudite.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]