La réalité augmentée va-t-elle être une innovation majeure pour l’infanterie?

Il y a quelques temps, le jeu Pokemon Go faisait un tabac. Or, son principe reposait sur la réalité augmentée, qui est une technologie permettant d’incruster, grâce à un logiciel, des données, des animations, des sons, des vidéos ou des images 2D/3D dans le monde « réel », via un téléphone, une tablette ou un casque.

Les origines de cette technologie remontent à la fin des années 1960, quand l’ingénieur en informatique américain Ivan Sutherland (déjà à l’origine du logiciel Sketchpad) conçut, avec son assistant, l’Ultimate Display, encore appelé « Épée de Damoclès ». Ce système permettait d’afficher un cube en 3 dimensions à travers des lentilles, un ordinateuir se chargeant de recalculer l’image et l’angle de vue afin de suivre les mouvements de la tête.

Dans un même ordre d’idée, le fonctionnement des systèmes HUD (Head-up displays ou vision tête-haute), utilisés dans l’aviation depuis les années 1980, repose sur ce principe dans la mesure où ils superposent des informations nécessaires à l’équipage sur l’environnement extérieur via un projecteur et un miroir semi-transparent.

Depuis, grâce aux progrès des systèmes informatiques et des logiciels, la réalité augmentée donne lieu à de plus en plus d’applications, que ce soit pour les jeux vidéos [le jeu Pokemon Go! est un exemple], la formation, l’industrie et le monde culturel. Ainsi, en lien avec la Nasa, Microsoft a mis au point le casque de réalité augmentée Hololens. D’une masse de 580 grammes environ, il est notamment constitué de trois processeurs (CPU principal, GPU pour « Graphic Processing Unit, et HPU pour « Holographic Processing Unit »), d’une caméra, de capteurs de mouvements et d’une commande vocale.

Pour le moment, cet Holosens ne sert qu’à des applications civiles. Mais une version militarisée devrait bientôt voir le jour étant donné que l’US Army a confié à Microsoft un contrat de 480 millions de dollars pour développer des prototypes de casques de réalité augmentée pour « l’entraînement et le combat », dans le cadre de son programme IVAS [Intergrated Visual Augmentation System]. Il est question, dans un premier temps, de 2.500 exemplaires.

« La technologie de la réalité augmentée fournira aux troupes plus d’informations de meilleure qualité pour prendre des décisions. Ce nouveau travail étend notre relation de confiance établie de longue date avec le ministère de la Défense à ce nouveau domaine », a expliqué un porte-parole de Microsoft à l’agence Bloomberg.

Jusqu’à présent, l’US Army n’avait eu recours à la réalité augmentée uniquement pour l’entraînement de ses soldats. Or, le programme IVAS, qui pourrait donner lieu à la commande de 100.000 casques si les prototypes de Microsoft donnent satisfaction, vise à « augmenter la létalité en améliorant les capacités de détection, de décision et d’engagement devant l’ennemi ».

Selon le cahier des charges de l’US Army, le casque de réalité augmentée destiné à ses soldats devra intégrer la vision nocturne, et détection thermique, mesurer les performances physiques du combattant et protéger l’audition de ce dernier.

Dans ce domaine, la France n’est pas en reste, comme on a pu le voir lors du Forum Innovation Défense [FID], organisé le 22 novembre à Paris. Ainsi, la Direction générale de l’armement [DGA] soutient le projet RAFT [réalité augmentée pour le fantassin], conduit par l’entreprise Scalian.

Ainsi, explique la DGA, le casque RAFT permettra « aux combattants d’obtenir de précieuses informations en temps réel, comme les positions amies/ennemie ». Et d’ajouter : « Vision thermique, connection wifi et bluetooth, le casque RAFT permet à l’ensemble des acteurs d’être interconnecté tout en favorisant la prise de décision. »

Photo : Agence Innovation Défense

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