Le vice-chancelier allemand estime que le siège permanent de la France à l’ONU devrait revenir à l’Union européenne

Il est souvent dit que les réticences de Berlin pour s’engager militairement sur la scène internationale remontent à la Seconde Guerre Mondiale. Et c’est à l’issue de cette dernière qu’a été institué le Conseil de sécurité des Nations unies, avec quatre de ses cinq membres permanents (France, Royaume-Uni, États-Unis, Russie, Chine) ayant vaincu l’Allemagne nazie.

Or, le vice-chancelier allemand [qui est également ministre de l’Économie], le social-démocrate Olaf Scholz, vient ni plus ni moins de proposer de bouleverser l’ordre établi en se disant favorable à ce que le siège permanent qu’occupe la France au sein du Conseil de sécurité des Nations unies revienne à l’Union européenne.

« Si nous prenons l’Union européenne [UE] au sérieux, elle devrait également parler d’une seule voix au sein du Conseil de sécurité des Nations unies […] À moyen terme, le siège de la France pourrait être transformé en siège de l’UE », a ainsi affirmé M. Scholz, lors d’un discours sur l’avenir de l’Europe prononcé ce 28 novembre à Berlin.

« En contrepartie, le poste distinct de chef de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies pourrait revenir de manière permanente à un Français », ajouté M. Scholz, qui a toutefois admis être « bien conscient qu’il y a encore un certain travail de conviction à faire à Paris. » Et pour cause!

Pour rappel, en octobre 1974, l’Assemblée générale des Nations unies octroya le statut d’observateur à la Communauté économique européenne [CEE], dont l’UE est l’héritière.

Après l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, l’UE demanda à disposer de certains de droits de représentation (mais sans droit de vote) au sein de cette même Assemblée générale des Nations unies. Ce qui fut refusé dans un premier temps, en raison de l’opposition de plusieurs États. Elle obtint finalement gain de cause en même temps que d’autres blocs régionaux. Et, depuis 2011, le président du Conseil européen peut s »exprimer devant l’Assemblée générale, au nom de l’UE.

« La France et l’Allemagne agissent désormais ensemble dans cette instance mais un tel siège européen permettrait d’aller encore plus loin », a encore fait valoir le vice-chancelier allemand.

Une telle proposition survient alors que le Royaume-Uni s’apprête à quitter l’Union européenne, ce qui fait la France sera le seul État membre à disposer d’un siège permanent et d’un droit de veto au Conseil de sécurité.

Par ailleurs, l’idée de M. Scholz supposerait également que les autres États membres renoncent à siéger à ce Conseil de sécurité. Actuellement, la Suède, la Pologne et les Pays-Bas en font partie et l’Allemagne y siégera à partir de janvier 2019.

En outre, pour que l’UE puisse prétendre à devenir l’un des cinq membres permanents, il faudrait que ses États membres aient une position commune. Ce qui est loin d’être toujours le cas… car leurs intérêts ne coïncident pas forcément.

Quoi qu’il en soit, M. Scholz est allé plus loin que la chancelière Angela Merkel sur ce point. En juin, elle avait proposé que les membres européens du Conseil de sécurité de l’ONU se fissent les « porte-voix » de l’UE.

« Les membres européens de l’ONU devraient faire part de ce qui se passe à l’ONU afin de convoquer rapidement son équivalent européen », avait dit Mme Merkel, sans pour autant demander à la France de renoncer à son statut de membre permanent, et donc à son droit de veto, au profit de l’UE.

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