Le F-35A serait toujours en course pour remplacer les chasseurs-bombardiers Tornado allemands

Depuis avril, Berlin étudie les informations demandées à trois constructeurs d’avions de combat afin de remplacer les chasseurs-bombardiers Panavia Tornado de la Luftwaffe à l’horizon 2025, au plus tard. Parmi les appareils considérés par Berlin, l’on trouve le F-15SE et le F/A-18 Super Hornet de Boeing, la dernière version de l’Eurofighter Typhoon et le F-35A de Lockheed-Martin.

Une décision sur ce dossier devrait être annoncée d’ici la fin de l’année. Du moins, c’est ce qu’a assuré, auprès de Reuters, un porte-parole du ministère allemand de la Défense.

L’enjeu pour Berlin est de pouvoir disposer d’un appareil pouvant emporter la bombe nucléaire tactique B-61, mise à la disposition de l’Otan par les États-Unis. Or, étant donné que la Royal Air Force et l’Aeronautica Militare vont retirer du service leurs Tornado, les coûts de maintenance relatifs à cet appareil risquent de grimper en flèche. Aussi, il ne serait pas pertinent pour la Luftwaffe de les prolonger dans la mesure où cela reviendrait à dépenser de l’argent pour un avion dépassé.

Cela étant, une telle option a été étudiée par l’état-major allemand, si l’on en croit les informations de l’agence Reuters, qui s’appuie sur des sources « proches du dossier ». Mais elle n’est pas la seule. En effet, et alors que Berlin et Paris viennent de fixer le calendrier de leur programme commun SCAF [Système de combat aérien futur], un choix en faveur du F-35A est a priori loin d’être écarté.

Ainsi, l’une des hypothèses envisagées par Berlin serait d’acquérir 45 F-35A et 75 nouveaux Eurofighter Typhoon pour remplacer les Tornado et le premier lot d’Eurofighter livrés entre 2003 et 2008.

Cette solution « permettrait à l’Allemagne de conserver une flotte mixte d’avions de combat », conformément « à sa stratégie militaire, tout en évitant des modifications coûteuses » pour permettre à l’Eurofighter d’emporter la bombe B-61, avance Reuters.

Indice troublant, deux des sources sollicitées par l’agence britannique ont affirmé que Berlin n’avait pas encore commandé une étude auprès de Washington au sujet de la possibilité pour l’Eurofighter de mettre en oeuvre la B-61. Or, un tel processus pourrait prendre entre « 12 et 18 mois ». En outre, la certification de l’appareil américain pour un tel emploi pourrait côuter 700 millions d’euros et exiger plus de 7 années. Soit au-delà de 2025 et du retrait en service des Tornado allemands.

Or, la semaine passée, Lockheed-Martin s’est vu notifier un contrat de 83,1 millions de dollars par le Pentagone pour développer, intégrer et tester le logiciel et les systèmes nécessaires à la mise en oeuvre de la B-61 par le F-35A. Les travaux doivent être terminés d’ici 2024.

Des sources ont confié à Reuters que cela permettrait au constructeur américain de livrer des F-35 à l’Allemagne au moins un an avant 2025, d’autant plus que les pilotes allemands pourraient commencer leur formation aux États-Unis avant ce délai.

Dans son rapport pour avis sur l’Équipement des forces, le député Jean-Charles Larsonneur a souligné que « le soutien du Bundestag [qui aura, quoi qu’il arrive, le dernier mot]au projet de SCAF ne serait pas entièrement acquis dans le contexte politique allemand actuel » étant donné que « certains, en Allemagne, verraient la coopération franco-allemande prise dans son ensemble comme faisant une part disproportionnée à l’industrie française. »

Aussi, a-t-il poursuivi, « en cas de rejet du projet par le Parlement allemand, les partisans du choix du F35 en Allemagne s’en trouveraient confortés et l’idée de recréer un ‘club Eurofighter’ pour concevoir un avion de combat futur complémentaire » du F-35. Et de craindre que, « dans cette hypothèse, le projet d’avion de chasse Tempest annoncé il y a quelques mois par le gouvernement britannique trouve des voies de convergence avec l’idée de recréer un ‘club Eurofighter' ».

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