Paris et Berlin dévoilent le calendrier de leurs projets communs d’avion et de char de combat du futur

Quand, le mois dernier, le député Jean-Charles Larsonneur a remis son rapport pour avis sur les crédits alloués à l’Équipement des forces pour 2019, plusieurs questions restaient en suspens au sujet des programmes franco-allemands SCAF [Système de combat aérien futur] et MGCS [Main Ground Combat System, futur char de combat, ndlr].

Ainsi, la Direction générale de l’armement [DGA] attendaient des réponses de la part de son homologue allemand, le BAAINBw, au sujet de la validation d’un accord permettant l’échange d’informations. Les questions relatives à l’élaboration du système de combat collaboratif du SCAF et du MGCS (qui concerne le français Thales), à l’exportation et au partage industriel entre les deux pays restaient alors à régler.

L’ont-elles été depuis? En effet, le 22 novembre, le ministère des Armées et son pendant allemand ont publié un communiqué dans lequel ils ont détaillé les calendriers de ces deux programmes, tout en saluant une « étape décisive pour la défense européenne » qui montre que « la France et l’Allemagne peuvent allier leurs forces dans des projets d’avenir et que l’Europe peut contrôler sa destinée et construire une défense forte. »

S’agissant du SCAF, dont la conduite du projet est assurée par la France, « les industries française et allemande ont travaillé ensemble avec beaucoup d’efficacité et ont présenté aux autorités des deux pays leur ambition pour le système de combat aérien futur », indique le texte.

Les ministres concernés des deux pays, à savoir Florence Parly et Ursula von der Leyen, ont « validé ensemble la première phase du projet ainsi que l’organisation industrielle chargée de réaliser ces travaux. » Le communiqué précise qu’elles ont convenu « d’un leadership conjoint entre Dassault et Airbus pour mener une étude commune de concept et d’architecture (comprenant la connectivité) pour le SCAF, sur la base du cahier des charges », ce qui donnera lieu à la signature d’un contrat au début de l’année 2019. L’on notera qu’il n’est nullement question de Thales dans ce texte.

« Comme l’a fait valoir M. Joël Barre [Délégué général pour l’armement], Thales s’impose en effet comme l’industriel français de référence en matière de système de combat collaboratif connecté, tandis que les Allemands n’ont pas encore proposé de candidat. Airbus ou Hensoldt pourraient y prétendre, sans qu’il soit certain […] qu’ils disposent du même capital technologique que Thales », écrivait le député Larsonneur dans son rapport.

Quoi qu’il en soit, les études de recherche et dévelopement [R&D] et de démonstrateurs pour l’avion de combat et son moteur [au singulier, ndlr] devraient être lancée à l’occasion du prochain Salon du Bourget, en juin 2019. La motorisation de ce futur avion de combat reviendrait à Safran (maître d’oeuvre) et à MTU.

Cela étant, le SCAF aura un autre obstacle à franchir : obtenir l’accord du Bundestag [chambre basse du Parlement allemand], lequel aura le dernier mot. Or, l’adhésion de ce dernier à ce projet ne serait pas acquise…

Quant au programme du char de combat du futur, dont la responsabilité a été confiée à l’Allemagne, le communiqué indique que les deux ministres « se sont félicitées des progrès accomplis dans les études de concept et d’architecture, et ont chargé leurs équipes d’en partager les résultats. »

L’on s’attendait à ce que la conception du MGCS allait revenir à KNDS, c’est à dire à la co-entreprise créée par l’allemand Krauss-Maffei Wegmann et le français Nexter Systems. Mais il est désormais question d’un troisième acteur : Rheinmetall.

« À cet égard, un cahier des charges pour les études conceptuelles et les activités de R&D sera convenu fin 2018. Rheinmetall, KMW et Nexter (sociétés du groupe KNDS), seront chargés de faire une proposition industrielle afin de mener avec succès les études et les activités de R&D respectives à partir de mi-2019 », est-il précisé dans le communiqué.

À noter que, en 2015, Rheinmetall a déjà présenté un concept de nouveau char de combat, le MGCS 2030+, avec un canon de 130 mm, un système de tourelle numérique, un système de reconnaissance de la situation et un système de défense actif (ADS).

En outre, le communiqué ne dit explicitement rien en matière de combat collaboratif connecté, pour lequel Thales a quelques arguments à faire valoir grâce au programme Scorpion de l’armée de Terre. Mais la mention de Rheinmetall, qui est aussi un équipementer et un intégrateur, interpelle.

« Sans remettre en cause le leadership allemand dans ce domaine, il faut reconnaître que la France aura une avance technologique majeure en matière de combat collaboratif connecté avec l’opération Scorpion. Il conviendra donc de veiller à ce que cette dimension du combat terrestre soit dûment prise en compte, faute de quoi les capacités blindées françaises connaîtraient même une régression par rapport aux capacités Scorpion », avait prévenu M. Larsonneur, dans son rapport.

Photo : Naval Group

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