« Gilets Jaunes » : M. Macron évoque la mobilisation de « militaires » pour rétablir l’ordre public à La Réunion

La mobilisation des « Gilets Jaunes » a dégénéré à La Réunion, où sur fond de blocages routiers, des violences sont commises pendant la nuit par des bandes de casseurs qui profitent de ce mouvement social pour piller des commerces et détruire ce qu’elles peuvent sur leur passage. D’où l’instauration d’un couvre-feu par le préfet.

Dans un courrier adressé à M. Macron, le président du conseil régional de La Réunion, Didier Robert, a décrit une « situation de guérilla urbaine à laquelle les services des forces de l’ordre sont désormais confrontés au quotidien » et demandé que « toutes les mesures nécessaires pour la protection des personnes et des biens dans notre île » soient prises.

Plus tard, lors de la réception, à l’Élysée, de 2.000 élus locaux, en marge du congrès des maires, le président Macron a révélé que M. Robert et sa famille ont fait l’objet de menaces de mort.

« Je veux dire tout le soutien de la Nation au président de l’exécutif de la Région Réunion. Il a été menacé de mort, sa famille aussi. Et je ne peux pas accepter que dans un territoire de la République quelque élu que ce soit subisse de telles pressions, ça ce n’est pas la République! Et tous les démagogues qui sont en train de jouer, partout, avec cette haine, sont irresponsables », a déclaré le chef de l’État.

Depuis le 17 novembre, selon les chiffres donnés par le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, il y a eu « 109 interpellations, 30 blessés parmi les forces de l’ordre, 16 policiers, 14 gendarmes, à peu près une cinquantaine de barrages, un millier de manifestants ». Et, actuellement, 120 gendarmes et 107 policiers sont déployés pour tenter de rétablir l’ordre.

Dans un message diffusé via Twitter, au cours de la nuit, le président Macron a évoqué la mobilisation de « militaires » pour rétablir l’ordre sur l’île.

« Ce qui se passe depuis samedi à La Réunion est grave. Nous avons mis les moyens et allons continuer à les mettre : nos militaires seront mobilisés dès demain pour rétablir l’ordre public », a en effet écrit M. Macron. « Nous serons intraitables car on ne peut pas accepter les scènes que nous avons vues », a-t-il assuré dans le même message.

Or, il n’est a priori nullement question de mobiliser le 2e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa], basé à Pierrefonds, à l’ouest de Saint-Pierre. En réalité, le président Macron avait probablement à l’esprit l’envoi, à La Réunion, d’un escadron supplémentaire de 80 gendarmes mobiles, ce dernier devant décoller de Paris dans la soirée du 21 novembre. Même s’ils relèvent du ministère de l’Intérieur, les gendarmes sont en effet toujours des militaires. D’où la confusion possible.

Cela étant, au sein des armées, l’on ne parle pas de « maintien de l’ordre » mais de « contrôle de foule », dont le principe a été affiné depuis 1999, quand des militaires français se retrouvèrent face à des manifestants hostiles à Mitrovica, dans le nord du Kosovo. Et les moyens peuvent être différents de ceux utilisés par les forces de l’ordre.

La mobilisation éventuelle de l’armée pour le maintien de l’ordre est encadrée par les articles D1321 du Code de la Défense. « Les forces armées, à l’exception de la gendarmerie nationale, ne peuvent participer au maintien de l’ordre que lorsqu’elles en sont légalement requises. Lorsqu’elles sont requises à ces fins, les forces armées font partie de la force publique. La réquisition des forces armées est adressée par l’autorité civile territorialement responsable au commandant militaire compétent », y est-il détaillé.

Si elles sont requises, les forces armées peuvent alors être mobilisées pour assurer des missions de protection et, en « dernier ressort », pour « des opérations de force nécessitant des mesures de sûreté exceptionnelles. »

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