La Marine nationale veut créer sa propre école de pilotes de drones aériens

Si son chef d’état-major, l’amiral Christophe Prazuck, arrive à ses fins, la Marine nationale devrait une école de plus en 2019. Mais celle-ci sera dédiée au pilotage de drones aériens, même si, pour le moment, aucun de ses navires ne met en oeuvre ce type d’appareil en opération. Mais, visiblement, il s’agit de mettre un coup d’accélérateur dans ce domaine.

« Nous n’en sommes qu’à l’expérimentation de drones aériens sur nos bâtiments de surface. Il faut donc accélérer le mouvement », a confié l’amiral Prazuck, lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale.

Aussi, a-t-il ajouté, « je veux créer une école de pilotes de drones de la marine en 2019, pour que sur chaque bateau, dans chaque sémaphore, il y ait un drone – et que chaque marin considère que mettre en œuvre un drone fait partie des compétences normales d’un équipage de combat, au même titre que les hélicoptères, les embarcations légères ou les armements du bateau. »

L’objectif visant à doter chaque plateforme de la Marine nationale d’un drone aérien figure dans le plan Mercator, lancé l’été dernier. Dans un premier temps, il s’agira de mettre en oeubre des « mini-drones » dès 2020, au profit des missions de prévention et de protection (patrouilleurs, y compris ceux de la Gendarmerie maritime, bâtiments de soutien, mais aussi frégates en attendant les systèmes de drones SDAM). »

Quant au Système de Drone Aérien pour la Marine [SDAM], il faudra encore patienter pour que les premiers exemplaires soient embarqués à bord des frégates dites de premier rang. Le premier vol du démonstrateur VSR700, conçu par Airbus Helicopters et Naval Group sur la base de l’hélicoptère Cabri G2 de la PME Gimbal est prévu pour 2021.

« Je veux – et quand je dis cela, c’est vous qui le voudrez! – un drone par bateau et par sémaphore. Avec la logique suivante : petit bateau, petit drone ; gros bateau, gros drone », a expliqué l’amiral Prazuck aux députés. « Les POM [patrouilleurs outre-Mer, ndlr] que nous sommes en train de spécifier pourront en embarquer », a-t-il précisé.

Reste à connaître le modèle qui sera retenu. L’amiral Prazuck a ainsi évoqué le drone Camcopter S-100 (ou Serval) du constructeur autrichien Schiebel, qui a déjà fait l’objet de campagnes d’essais au sein de la Marine nationale. L’un a d’ailleurs été perdu en mer au cours de l’une d’entre-elles. « Nous essayons aussi ceux qui sont testés par les commandos marine – que nous récupérons dans des filets, ce qui est plus compliqué », a-t-il aussi indiqué.

Quoi qu’il en soit, a-t-il insisté, « nous aurons des drones, y compris sur les petits bateaux » car « le fantassin utilise le drone pour aller voir si l’ennemi l’attend derrière la colline » et « moi, je veux aller derrière l’horizon, à une dizaine de nautiques, et augmenter la surface couverte par notre surveillance. »

« Nous utiliserons des drones pour le secours en mer, pour faire de la surveillance. En effet, un drone ne peut pas hélitreuiller un naufragé, ni larguer en pleine mer une chaîne de secours Search and Rescue (SAR). Comme toujours, il faudra donc compléter les moyens de surveillance et d’alerte par des moyens d’action », a par ailleurs affirmé le CEMM.

« Pour l’instant, ces moyens d’action sont plutôt des avions capables d’emporter une charge, avec une soute – c’est le cas du Falcon 50 notamment. Nous devons encore inventer la manière dont vont travailler ensemble et se compléter les drones – pour le business as usual et la patrouille répétitive et ennuyeuse – et les moyens habités, pour les autres actions », a-t-il dit.

En outre, le plan Mercator parle aussi de doter – comme l’armée de l’Air – de drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] pour la patrouille maritime, de drones stratosphériques [HAPS : Altitude Platform System] et… de drones de combat, dans le cadre du programme SCAF [Système de combat aérien du futur]. Mais à’ horizon 2030… D’ici-là, peut-être qu’aviateurs et marins apprendront à piloter ces engins dans une seule et même école.

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