L’Union européenne est « extrêmement inquiète » de l’avenir du traité sur les forces nucléaires intermédiaires

Quand, à la fin des années 1970, l’Union soviétique déploya ses missiles nucléaires de portée intermédiaire SS-20, l’Europe occidentale, qui n’avait pas les moyens de répondre à cette menace, se tourna vers les États-Unis, qui, à leur tour, envoyèrent des missiles Pershing II afin d’équilibrer les forces sur le Vieux Continent.

Cette crise, dite des « euromissiles », prit fin en 1987, après la signature du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI]. Seulement, ce texte, qui interdisait les missiles balistiques et de croisière sol-sol ayant une portée comprise entre 500 et 1.000 km ainsi que ceux dont la portée est comprise entre 1.000 et 5.500 km, avait le défaut de ne concerner que ses deux signataires, à savoir les États-Unis et l’Union soviétique [dont la Russie est l’héritière]. À l’époque, personne (ou pas grand monde, du moins) n’avait en effet pensé aux conséquences de la montée en puissance de la Chine, tant sur les plans économiques que militaires.

N’étant pas concernée par ce traité FNI, la Chine (mais pas seulement elle) a ainsi pu développer son arsenal de missiles de portée intermédiaire, ce qui n’arrange évidemment pas les affaires des États-Unis, pour lesquels la région Indo-Pacifique est une priorité. Dans la même temps, la Russie est soupçonnée d’avoir développé le 9M729 « Novator » (ou SSC-8), c’est un missile interdit par le texte signé il y a plus de 30 ans par Ronald Reagan et Mikhael Gorbatchev.

Depuis 2014, Washington n’a cessé de dénoncer la violation du traité FNI par Moscou. Seulement, l’administration Obama n’alla pas plus loin… Pour résumer la situation, si le missile russe 9M729 est effectivement interdit, alors les États-Unis seraient les seuls à appliquer le traité FNI. Traité qui leur lie les mains face à la Chine.

D’où la décision de M. Trump de dénoncer cet accord, malgré les avertissements russes au sujet d’une relance de la course aux armements et les inquiétudes des pays européens, qui, dans ce dossier, n’ont pas voix au chapitre.

Ce 20 novembre, Federica Mogherini, la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, s’est dit « extrêmement inquiète » au sujet de l’avenir du traité FNI.

« Si nous allons vers la fin de cet accord, la sécurité de l’Europe sera en danger et nous ne voulons pas que le territoire européen redevienne un champ de bataille pour d’autres puissances comme il l’a été dans le passé », a affirmé Mme Mogherini. « Nous ne voulons pas retourner à ce genre de tensions, à ce genre de situation et nous espérons toujours qu’il y a un espace pour sauver l’accord et le mettre en œuvre », a-t-elle insisté.

« Nous avons toujours pensé que les accords étaient importants et qu’il fallait les appliquer entièrement. S’il existe des problèmes dans leur application, il faut résoudre ceux-ci au lieu de s’en retirer. Nous sommes convaincus que le traité peut encore être appliqué », a encore déclaré Mme Mogherini.

Seulement, pour régler un problème, encore faut-il pouvoir discuter avec ceux qui sont soupçonnés d’en être la cause. Or, si elle admet l’existence du missile 9M729 « Novator », la Russie réfute que ses performances soient non conformes au traité FNI, tout en refusant de répondre aux questions de l’Otan à son sujet.

« L’Otan ne veut pas de nouvelle course aux armements mais nous sommes très préoccupés par les nouveaux missiles russes. Ce missile est mobile, peut transporter des charges nucléaires et il peut atteindre des villes d’Europe centrale comme Berlin », avait récemment résumé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique.

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