Pour M. Macron, la hausse des budgets militaires européens ne doit pas servir à acheter des armements américains

Á peine arrivé en France pour assister à la commémoration du centenaire de l’armistice du 11-Novembre, le président américain, Donald Trump, a « dégaîné » un « tweet » dont il a le secret pour s’en prendre aux propos tenus quelques jours plus tôt par Emmanuel Macron, son homologue français, au sujet de la nécessité pour l’Europe de disposer d’une « vraie armée européenne » pour qu’elle puisse assurer sa propre sécurité sans dépendre des États-Unis.

Les deux hommes ont pu s’expliquer par la suite… Et le président Macron a concédé au président américain qu’il fallait une « Europe qui puisse prendre davantage la part du fardeau commun au sein de l’Otan. » Mais lors d’un entretien accordé à CNN, il a précisé sa position, tout en jetant une pierre dans le jardin de M. Trump.

« Ce n’est pas à moi de commenter son tweet », a en effet dit M. Macron. Et d’ajouter : « Je préfère toujours avoir des discussions directes ou répondre à des questions, que de faire ma diplomatie au travers de tweets. »

« Je ne veux pas voir les pays européens augmenter le budget de la défense pour acheter des armes américaines ou autres, ou des matériels issus de votre industrie », a aussi affirmé M. Macron. Et « si nous augmentons notre budget, c’est pour bâtir notre autonomie », a-il insisté.

Quant au partage du « fardeau » financier entre les États-Unis et les pays européens au sein de l’Otan, M. Macron a fait part de son « accord avec cela ». Mais, a-t-il ajouté, « en vue d’un meilleur partage du fardeau, nous avons tous besoin de plus d’Europe. »

Il est vrai que depuis que les membres de l’Union européenne ont, dans leur grande majorité, décidé d’augmenter leur effort de défense, parfois significativement, l’industrie américaine de l’armement a souvent été privilégiée par rapport à son homologue européenne, surtout pour ce qui concerne l’aviation militaire et la défense aérienne, domaines qui exigent des investissements souvent lourds.

En effet, l’avion de combat F-35 s’est imposé au Royaume-Uni, en Italie, en Norvège, aux Pays-Bas, au Danemark et, plus récemment, en Belgique. La Roumanie et la Croatie ont fait le choix d’acquérir des F-16 de seconde main. Enfin, le système de défense aérienne Patriot a damé le pion au SAMP/T du consortium Eurosam [Thales et MBDA] dans plusieurs appels d’offres, y compris en Suède, qui ne fait pourtant pas partie de l’Otan. Et l’on pourrait également citer le cas des hélicoptères de manoeuvre, voire celui des avions de transport tactique, la France et l’Allemagne ayant opté pour le C-130J Hercules pour remédier aux retards de l’A400M.

Cela étant, l’industrie de l’armement du Vieux Continent arrive à tirer son épingle du jeu dans le domaine naval ainsi que dans celui de l’armement terrestre, où son homologue américaine a plus de difficultés pour s’imposer.

Les propos de M. Macron rejoignent ceux tenus par Jorge Domecq, le chef de l’Agence européenne de défense [AED], en juin dernier. « La tendance des nations qui achètent des capacités [militaires] américaines devrait cesser si l’Europe veut se débrouiller militairement, avait-il confié à Defense News. « Si vous avez des capacités sans avoir les moyens industriels de les entretenir, alors cela revient à demander à votre voisin de vous donner un tuyau chaque fois que vous voulez arroser des plantes. À la longue, vous n’aurez plus de jardin. Vous aurez un terrain sec », avait-il expliqué.

Et c’est tout le sens du Fonds européens de défense [FED], dont l’objectif est de permettre aux États membres de développer leurs propres nouvelles capacités militaires afin de renforcer l’autonomie stratégique de l’Union européenne.

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