L’armée de l’Air a une « dette organique de formation » à l’égard de ses pilotes de combat

Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale [LBDSN] publié en 2013 mettait l’accent sur le concept de « différenciation », lequel consistait à « équiper et entraîner les forces au juste niveau, en fonction des types de missions » qu’elles étaient alors appelées à remplir.

Pour l’armée de l’Air, ce principe de différenciation doit s’appliquer à la formation et à l’entraînement de ses pilotes de chasse, via le plan « Cognac 2016 », aussi appelé FOMEDEC [Formation modernisée et entraînement différencié des équipages de chasse].

Concrètement, les personnels navigants [PN] seront classés selon deux catégories : ceux du « premier cercle », appelés à effectuer toutes les missions opérationnelles de l’armée de l’Air (soit 250 pilotes) et ceux du « second cercle », c’est à dire des pilotes mis en quelque sorte en « réserve », avec une activité réduite à 50 heures sur avion de combat, compensée par des vols à bord de turbopropulseurs en tant qu’instructeurs ainsi que par des séances de simulateur de vol. En cas de nécessité, ils doivent pouvoir être capable de rejoindre le premier cercle.

Ce principe a de quoi susciter quelques réserves, dans la mesure où, pour être efficaces, les pilotes d’un escadron doivent bien se connaître pour se faire confiance mutuellement, tout en ayant une maîtrise pafaite de leur appareil ainsi que les tactiques de combat propres à leur unité. Ce qui demande du temps…

Cela étant, au regard de son engagement opérationnel, l’armée de l’Air n’a pas encore été en mesure de le mettre en application, comme l’a indiqué le général Philippe Lavigne, son chef d’état-major [CEMAA].

« En ce qui concerne l’articulation entre la formation et la différenciation, on a deux mouvements très différents. La formation va être modernisée. La différenciation n’a pas pu être mise en place par l’Armée de l’air jusqu’à présent en raison du très fort niveau d’engagement. J’avais donc besoin de tous les pilotes dans le premier cercle », a en effet affirmé le CEMAA, lors d’une audition au Sénat.

Mais, a priori, il n’est pas acquis que ce principe de différenciation soit appliqué un jour. Et les propos qu’a tenus le général Lavigne aux sénateurs éclairent sans doute ses déclarations faites plus tôt aux députés, au sujet d’une réflexion en cours sur la modernisation de « l’ensemble de la formation des pilotes, du vol à voile à l’arrivée dans les escadrons de combat, de chasse ou de transport. »

« J’ai actuellement accumulé une dette organique de formation, mes jeunes pilotes étaient moins formés car mes pilotes aguerris faisaient la guerre. Lorsque vous faites la guerre en Afrique, vous n’êtes pas entraînés à l’ensemble du panel des activités de guerre, il faut donc vous réentraîner. J’ai une dette organique dans le premier cercle qu’il faut que je comble. Ensuite nous verrons ce que nous pourrons faire en termes de différenciation », a en effet expliqué le général Lavigne aux sénateurs.

Cela étant, la simulation va jouer un rôle de plus en plus important à l’avenir. Elle est « essentielle à la préparation opérationnelle », a dit le CEMAA.

Grâce aux simulateurs, « nous pouvons d’ores et déjà élever le niveau d’instruction et d’entraînement de nos équipages en générant des cibles et des menaces fictives, tant dans les radars des avions d’armes que dans le système d’armes de nos avions d’entraînement PC21 », a fait valoir le général Lavigne. « Nous savons aussi mettre en oeuvre – grâce à la simulation distribuée à distance et à la simulation réelle, virtuelle et constructive, des scenarii d’entraînement à des missions tactiques complexes », a-t-il ajouté.

Photo : armée de l’Air

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