Le général Lavigne propose un nouveau « Plan de vol » pour l’armée de l’Air

Comme la Marine nationale, l’armée de l’Air aura aussi son nouveau « plan stratégique » afin de prendre en compte les évolutions prévues par la Loi de programmation militaire 2019-25, promulguée le 13 juillet dernier. L’annonce en a été faite par son chef d’état-major [CEMAA], le général Philippe Lavigne, lors d’une audition à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de budget 2019.

En 2013, le plan stratégique « Unis pour faire face », lancé en 2013 par le général Denis Mercier, promettait de « construire une armée de l’Air opérationnelle, modernisée, partenaire et portée par ses aviateurs ». Ce que reprend en partie celui qu’entend mettre en place l’actuel CEMAA.

« Je veux une armée de l’Air agile, moteur en Europe, qui gagne et conserve sa supériorité en opérations » ainsi qu’une « armée de l’Air soudée et enthousiaste, qui s’appuie sur des aviateurs experts de la troisième dimension, c’est-à-dire du domaine aérospatial », a en effet résumé le général Lavigne, qui a succédé au général André Lanata en septembre.

Appelé simplement « Plan de Vol », ce plan stratégique accordera une « attention particulière » à la supériorité aérienne et spatiale, l’enjeu étant de « conserver l’avantage opérationnel », dans un contexte marqué par la « résurgence de la force, utilisée parfois de façon décomplexée par certains États », a expliqué le CEMAA.

« La modernisation de notre composante nucléaire aéroportée constituera un volet de mon plan de vol. De plus, les évolutions prévues du Rafale, le radar à antenne active (AESA) et l’arrivée du missile Meteor seront de véritables game changers », a ajouté le général Lavigne, qui estime également que « la masse compte, comme le nombre d’avions de chasse polyvalents. »

Ensuite, et alors qu’il existe un Commandement interarmées de l’espace, le général Lavigne a insisté sur les activités de l’armée de l’Air dans le domaine spatial, que ce soit pour la fourniture de l’imagerie satellitaire au profit de l’ensemble du ministère des Armées ou en matière de surveillance. « Cette mission […] est pilotée depuis plus de dix ans par le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), au sein du centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS), situé à Lyon. Elle s’appuie notamment sur les radars de détection des orbites basses ‘Grand réseau adapté à la veille spatiale’ (GRAVES) et sur les radars de trajectographie ‘Système d’acquisition et de trajectographie des avions et des munitions’ (SATAM) », a-t-il rappelé.

En outre, l’armée de l’Air a « fortement investi » dans le domaine spatial et « dispose aujourd’hui de nombreux atouts à valoriser, notamment en personnel », a fait valoir le général Lavigne.

Aussi, à l’heure où une revue stratégique sur la politique de défense spatiale est attendue, le CEMAA souhaite que l’armée de l’Air  ait un rôle encore plus important dans ce domaine, d’autant plus que « l’espace est pour l’aviateur la prolongation évidente du milieu aérien. »

Au niveau interministériel, « je souhaite porter le sujet de l’action aérospatiale de l’État, dite ‘action de l’État en l’air’, par analogie avec l’action de l’État en mer », a continué le général Lavigne. Il s’agirait de « proposer un mode de fonctionnement, à partir de l’air, qui permettra d’apporter des réponses adaptées aux défis que pose l’augmentation exponentielle des acteurs de tous types dans la troisième dimension : emploi de drones et de mini-drones, augmentation des flux du trafic aérien, ouverture au trafic spatial, etc », a-t-il dit.

Et de rappeler que « le centre de commandement et de conduite des opérations aériennes de Lyon-Mont-Verdun est le seul organisme étatique qui dispose d’une vision globale des moyens aériens disponibles de l’État et des contacts avec tous les interlocuteurs interministériels et opérateurs aériens civils. »

Un autre axe de ce plan stratégique portera sur les ressources humaines, avec l’enjeu de la fidélisation des personnes. Cela a déjà été maintes fois répété : les déflations de postes effectuées entre 2008 et 2015 sont allées beaucoup trop loin, au point de perturber le bon fonctionnement de l’armée de l’Air.

« Les aviateurs veulent un métier intéressant, des outils modernes, en nombre, une préparation opérationnelle de qualité et de bonnes conditions de vie et de travail. Cette LPM, que notre ministre des armées a voulu à hauteur d’homme, permet une modernisation déjà visible sur certaines bases aériennes. Elle nous donne un cadre très favorable à l’atteinte de cet objectif », a estimé le général Lavigne, qui a dit vouloir « plus de commandement, plus de subsidiarité et un rapprochement des soutiens aux forces, autour d’objectifs partagés centrés sur la réalisation de nos missions opérationnelles. »

Au-delà ce ces aspects, le CEMAA a indiqué avoir signé une « nouvelle politique des ressources humaines » qui, appelée « DRH 4.0 », prévoit « d’exploiter toute la puissance de la digitalisation au service d’une gestion des ressources humaines plus transparente » tout en permettant de « basculer d’une gestion de flux à une gestion de compétences. »

« J’espère bâtir ce qui pourrait s’apparenter à une ville numérique de gestion des ressources humaines, dans laquelle chaque aviateur et chaque acteur des ressources humaines pourront interagir, c’est-à-dire élaborer les meilleures voies pour répondre aux besoins de compétences de l’armée de l’Air, dans le respect des aspirations de chacun », a confié le général Lavigne, qui veut aussi « favoriser la prise d’initiative » et « faire de l’aviateur un acteur à part entière de nos succès en opération ».

Le troisième axe de ce « Plan de Vol » porte sur « l’anticipation » et la désormais incoutournable « innovation ». Il s’agira de répondre au défi « important » que représente la mise en oeuvre de « nouvelles capacités ». Au passage, le général Lavigne a dit envisager de moderniser, à nouveau, « l’ensemble de la formation des pilotes, du vol à voile à l’arrivée dans les escadrons de combat, de chasse ou de transport. »

Enfin, le dernier enjeu de ce plan stratégique est la « connexion ». « Au niveau international, je suis convaincu qu’il faut continuer à développer les coopérations, en priorité dans les domaines où nous en avons le plus besoin », a expliqué le CEMAA. D’autant plus que, a-t-il poursuivi, « la position de la France et son aptitude à s’engager et à exercer des responsabilités internationales conduisent naturellement l’armée de l’Air, elle-même dotée d’un large spectre de capacités et d’une forte crédibilité opérationnelle, à jouer un rôle d’entraînement en Europe. »

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