Le général Lavigne envisage une coopération franco-allemande dans le domaine des hélicoptères de transport lourd

La Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 n’a pas donné la priorité au renouvellement des hélicoptères utilisés par les forces armées, étant donné que les livraisons prévues dans le cadre du programme HIL [Hélicoptère interarmées léger] ont été reportées à 2028. S’agissant de nouvelles capacités, il n’est pas question non plus d’acquérir des hélicoptères de transport lourd, alors qu’un tel besoin est exprimé depuis longtemps par les états-majors (et en particulier par les forces spéciales).

Or, le déploiement, au profit de la force Barkhane, de CH-47D Chinook de la Royal Air Force montre, s’il en était encore besoin, l’utilité de tels appareils. Aussi, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAA], le général Philippe Lavigne, espère pouvoir disposer d’une telle capacité au travers d’une coopération européenne.

L’on aurait pu penser que le regard du CEMAA allait se tourner vers les Britanniques, étant donné la présence de leurs CH-47D Chinook au Mali et des liens particuliers tissés par la Royal Air Force et l’armée de l’Air…. En réalité, c’est à l’Allemagne qu’il songe, en ayant à l’esprit le modèle de l’escadron de transport franco-allemand qui, doté d’avion C-130J Hercules, sera prochainement installé à Évreux.

« Le domaine des hélicoptères de transport lourd serait propice à la mise en place d’un Évreux inversé avec nos partenaires allemands. Quelques pilotes français pourraient être formés sur des hélicoptères de transport lourd allemands, grâce à un système de location d’heures, au profit de nos théâtres d’opérations », a ainsi déclaré le général Lavigne, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen du projet de budget 2019.

Pour rappel, l’Allemagne a lancé une procédure pour remplacer ses 68 hélicoptères CH-53G « Stallion ». Deux candidats sont en lice, dont le CH-53K « King Stallion » de Sikorsky (filiale de Lockheed-Martin) et le CH-47F « Chinook » de Boeing. Le coût de ce programme a été évalué à 4 milliards d’euros.

Par le passé, la France et l’Allemagne eurent l’intention de développer conjointement un hélicoptère de transport lourd, le HTH [Heavy Transport Helicopter]. Un partenariat entre Eurocopter [Airbus Helicopters aujourd’hui] et Boeing fut même envisagé afin de développer un appareil de 33 tonnes d’ici 2020. Finalement, ce projet tomba dans les oubliettes…

Outre la question des hélicoptères, le général Lavigne a également évoqué une piste « européenne » pour le transport aérien stratégique, lequel repose sur des prestataires privés (que ce soit dans le cadre d’externalisation ou dans celui du contrat SALIS de l’Otan).

« Nous pouvons aussi imaginer une piste européenne dans le domaine du transport aérien très lourd et de très gros volume – nous sommes très innovants dans l’armée de l’air ! Pensons au C-5 Galaxy et au C-17 américain, ou aux Antonov russes que nous utilisons aussi. Une place existe certainement pour un avion européen de transport lourd volumineux », a ainsi affirmé le général Lavigne.

« Quel serait le besoin ? Malheureusement, il s’agit premièrement de catastrophes humanitaires, qui nécessitent des transports très rapides de gros volumes et de poids importants. De nombreux pays européens sont concernés. Deuxièmement, avec le développement de l’initiative européenne d’intervention, un intérêt ira croissant pour des projections de force, par exemple pour des évacuations de ressortissants. Voilà des pistes pour une coopération européenne qui méritent d’être étudiées! », a estimé le CEMAA. « Nous disposons d’une belle industrie aéronautique pour faire face à ce défi », a-t-il conclu.

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