M. Macron : « Le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre Mondiale, aussi, un grand soldat »

Selon un programme des commérations du centième anniversaire de l’armistice du 11 Novembre, publié par la commission du Centenaire en septembre dernier, il était question d’une cérémonie organisée aux Invalides pour saluer la mémoire des huit maréchaux de la Première Guerre Mondiale, dont fait partie le maréchal Philippe Pétain. Et comme la présence du président Macron y était annoncée, une polémique commençait à poindre.

Ainsi, Médiapart, oubliant les sept autres maréchaux, publia un article intitulé « l’embarrassant hommage au maréchal Pétain » au sujet de cette cérémonie prévue aux Invalides. Et cette dernière fut gommée du programme officiel, le président Macron devant assister, à l’heure où elle été prévue, à un moment de recueillement à Compiègne, là-même où fut signé l’armistice du 11 novembre 1918.

Le 31 octobre, interrogée sur ce sujet à l’antenne de RMC, la ministre des Armées, Florence Parly, assura que jamais l’État-major des Armées [EMA] n’avait envisagé de rendre un quelconque hommage au maréchal Pétain.

« Si ce que vous voulez me faire dire, c’est qu’il y avait une intention d’honorer la mémoire du maréchal Pétain, il n’en a jamais été question. Jamais. […] Nous célébrons un grand anniversaire, (mais) l’état-major n’a jamais imaginé rendre hommage au maréchal Pétain. L’état-major a souhaité rendre hommage à des maréchaux qui sont aux Invalides, le maréchal Pétain n’est pas aux Invalides, donc c’est clair », avait expliqué Mme Parly.

Cela étant, le président Macron ne voit pas matière à polémiquer sur cet hommage qu’entend rendre l’État-major aux huit maréchaux de la Grande Guerre [qui sont, pour rappel, Ferdinand Foch, Hubert Lyautey, Louis Franchet d’Espèrey, Émile Fayolle et Michel Maunoury, Philippe Pétain, Joseph Joffre et Joseph Gallieni, ndlr]. Mais il a aussi pris le risque de susciter une nouvelle controverse.

« Il est légitime que nous rendions hommage aux maréchaux qui ont conduit l’armée à la victoire et que cet hommage soit rendu – comme il l’est d’ailleurs chaque année par l’armée française [il est finalement prévu pour le 10 novembre ndlr] », a en effet estimé le président Macron, à Charleville-Mézières, où devait se tenir le Conseil des ministres.

« Mon chef d’état-major particulier [l’amiral Rogel, ndlr] sera présent à cette cérémonie. Je ne fais aucun raccourci mais je n’occulte aucune page de l’Histoire, et le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre mondiale, aussi, un grand soldat. C’est une réalité de notre pays », a ajouté M. Macron, devant plusieurs journalistes.

« C’est aussi ce qui fait que la vie politique, comme l’humaine nature, sont parfois plus complexes que ce qu’on voudrait croire. On peut avoir été un grand soldat pendant la Première Guerre mondiale et avoir conduit à des choix funestes pendant la deuxième », a-t-il encore expliqué.

Quant à la polémique que ses propos risqueraient de nourrir, il l’a balayée d’un revers. « Mon rôle n’est pas de comprendre que ça choque ou de commenter les gens », a lancé M. Macron, qui assure avoir « toujours regardé l’Histoire de notre pays en face. »

« Je me suis toujours opposé aux idées, au défaitisme français lorsqu’il a pu exister, à la complaisance avec toute idéologie. Vous ne pouvez pas me reprocher d’avoir été ambigu sur ce point. J’ai toujours été absolu dans ce combat. Mais je reconnais aussi la part que les maréchaux ont joué dans la victoire française », a poursuivi M. Macron.

« Nous sommes en train de célébrer le centenaire de la Victoire et de la paix, la victoire d’une nation combattante. C’est pour ça que j’ai voulu que les Poilus et ceux de 14 rentrent au Panthéon. Mais c’est aussi la victoire d’une armée française et des maréchaux. Et donc il est normal de les célébrer et de permettre à l’armée française de le faire », a conclu le chef de l’État, dont la position au sujet du maréchal Pétain rejoint celle du général de Gaulle.

« Si, par malheur, en d’autres temps, en l’extrême hiver de sa vie, au milieu d’évènements excessifs, l’usure de l’âge mena le maréchal Pétain à des défaillances condamnables, la gloire qu’il acquit à Verdun, qu’il avait acquise à Verdun vingt cinq ans auparavant et qu’il garda en conduisant ensuite l’armée française à la victoire ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie », avait déclaré le général de Gaulle, lors d’une cérémonie à l’ossuaire de Douaumont, en 1966 (aux environs de 4 mn, sur la vidéo ci-dessous).

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