La Russie va tester des missiles en mer de Norvège, où un important exercice de l’Otan est en cours

Si, l’an passé, elle a peiné à admettre que quelques membres de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne aient pu se dire préoccupés par l’exercice Zapad 17 que ses forces ont conduit en Biélorussie et dans son enclave de Kaliningrad, la Russie voit d’un mauvais oeil les manoeuvres d’une ampleur inédite depuis la fin de la Guerre Froide que mène actuellement l’Otan en Norvège.

« La Russie ne représente pas une menace militaire directe pour la Norvège. Mais dans une situation sécuritaire aussi compliquée qu’aujourd’hui […] un incident ailleurs pourrait très bien accroître la tension dans le Nord et nous souhaitons préparer l’Alliance à éviter tout incident malheureux », a pourtant fait valoir le ministre norvégien de la Défense, Frank Bakke-Jensen.

Mais il ne faut pas s’y tromper. Cet exercice, appelé Trident Juncture, mobilise environ 50.000 militaires, 10.000 véhicules, 150 aéronefs et 70 navires, dont un porte-avions américain, l’USS Harry S. Truman. Aussi, pour l’amiral américain James G. Foggo, le chef du Commandement allié des forces interarmées de Naples, il faut y voir un « message fortement dissuasif » adressé à la Russie.

Cela étant, comme l’a précisé le général norvégien Rune Jakobsen, les exercices terrestres « vont être menés à 1.000 km de la frontière avec la Russie et les opérations aériennes à 500 km ». Aussi, a-t-iol dit, « la Russie n’a aucune raison d’être inquiète ». Sauf que ce n’est pas le sentiment de Moscou.

« Les principaux pays de l’Otan accroissent leur présence militaire dans la région, à proximité des frontières de la Russie », a en effet commenté Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe. « De telles actions irresponsables mèneront forcément à la déstabilisation de la situation politique et militaire dans le Nord, à une hausse des tensions », a-t-elle ajouté, en fustigeant les « cliquetis d’armes » alors que la Russie a considérablement accru sa présence militaire dans la région Arctique, érigée en « priorité nationale. » Et de promettre « des mesures nécessaires de riposte ».

« Malgré des tentatives assez maladroites de la part des représentants de l’Alliance et des États-membres visant à présenter cette activité militaire comme défensive, il est évident que cette démonstration de force est de nature clairement antirusse », a encore estimé le ministère russe des Affaires étrangères.

Même si des observateurs russes ont été conviés à assister à Trident Juncture 18, Moscou n’entend pas s’en laisser conter. Le 22 octobre, soit à la veille du coup d’envoi de ces manoeuvres de l’Otan, deux corvettes, un pétrolier un ravitailleur russes ont appareillé pour une mission en Atlantique Nord, vraisemblablement pour les surveiller de près (et collecter des renseignement). Mais cela est de « bonne guerre ».

Ce qui l’est moins, en revanche, est l’intention de tester des missiles en mer de Norvège, soit dans une des zones où se déroule Trident Juncture 18. Et cela, alors que la Russie a procédé à de tels essaie il y a trois semaines à peine.

« Nous avons reçu notification la semaine dernière des tests de missiles russes projetés au large des côtes ici », a en effet indiqué Jens Stoltenberg, ex-Premier ministre norvégien devenu secrétaire général de l’Otan.

Ce qui a été confirmé par Avinor, l’agence publique en charge des aéroports norvégiens, qui a fait état d’un NOTAM (message aux navigants aériens) relatif à des tirs de missiles prévus entre le 1er et le 3 novembre. Ce type de notification pour une zone qui chevauche en partie celle où se tient des manoeuvres militaires n’est « pas très fréqent » mais qu' »il n’y a rien de dramatique », a expliqué Erik Lødding, un porte-parole. « C’est une procédure normale », a-t-il dit à l’AFP.

« J’attends de la Russie qu’elle se comporte de manière professionnelle », a affirmé M. Stoltenberg. « Nous suivrons bien sûr de près ce que la Russie fait mais ils opèrent dans les eaux internationales et ils nous ont notifié de façon normale », a-t-il ajouté, cherchant visiblement à ne pas mettre de l’huile sur le feu. En tout cas, « cela ne changera pas nos plans », a-t-il assuré.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]