Le GIGN traverse « une période un peu difficile », admet le directeur général de la Gendarmerie

Malgré plus de 250 engagement qui ont conduit à 79 arrestations en un an, rappelait récemment son chef, le général Laurent Phélip, le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale [GIGN] traverse actuellement « une période un peu difficile », a admis le général Richard Lizurey, le Directeur de la Gendarmerie [DGGN], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 16 octobre dernier.

Deux affaires « minent » l’ambiance au sein de cette unité d’élite : l’attaque d’un supermarché à Trèbes [Aude] qui, menée par un jihadiste [Radouane Lakdim, ndlr] a coûté la vie à l’héroïque colonel Arnaud Beltrame, et les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis.

Dans le premier cas, il s’est passé à peu près 10 minutes entre la tentative du colonel Beltrame pour désarmer le jihadiste et la neutralisation de ce dernier par l’antenne locale du GIGN [celle de Toulouse, ndlr]. Ce qui, selon le quotidien Le Parisien, a donné lieu à des « débats en interne vifs », avec la question de savoir « s’il fallait attendre les ‘dépiégeurs d’assaut’, spécialistes de l’explosif et de la progression dans un bâtiment héliportés depuis Satory ou pénétrer dans les lieux immédiatement avec les gendarmes spécialisés de l’antenne locale. »

S’agissant des attentats du 13 novembre 2015, le GIGN avait été mis en alerte afin d’intervenir en cas de nouvelles attaques, les policiers du RAID et de la BRI ayant été en première ligne, conformément au schéma local d’intervention. Mais cet épisode suscita une fronde interne, notamment à l’égard du général Hubert Bonneau, critiqué dans une lettre signée « l’esprit de l’inter », c’est à dire au nom des membres de la Force intervention du groupe.

« Le GIGN connaît en effet une période un peu difficile mais c’est normal car les choses évoluent et on ne peut pas considérer qu’il soit au sommet de la pyramide et inatteignable pour l’éternité. Ce n’est en tout cas pas mon point de vue », a ainsi affirmé le général Lizurey. Et d’ajouter : « Le GIGN est un organisme vivant, la gendarmerie tout entière est un organisme vivant, et il faut donc que nous nous interrogions sur notre avenir, sur la manière d’assurer la mission, sur la cinétique et sur le contexte, qui a changé. »

Le 13 novembre 2015, a rappelé le général Lizurey, le GIGN « n’a pas été engagé à ce moment-là parce que, d’une part, la réponse apportée localement était considérée comme suffisante et, d’autre part, nous n’étions pas à l’abri d’une réplique en d’autres points » et il « était donc potentiellement prévu pour intervenir ailleurs ». Quant à l’attaque de Trèbes, le DGGN a reconnu que « le temps de projection de Satory a été long et quand ils sont arrivés c’était terminé. » Mais, a-t-il continué, « c’est aussi du fait de la cinétique propre de la crise. »

Pour savoir si le modèle du GIGN est « pérenne » ou s’il doit faire l’objet de critiques, le général Lizurey a demandé une réflexion en interne. « D’où l’inquiétude qui s’exprime, car, quand on demande aux gens de réfléchir sur un dispositif, ils craignent qu’il soit mis en cause et supprimé », a-t-il commenté.

« Nous avons six antennes GIGN, qui doivent à mon avis être intégrées dans une vision globale de l’opération. Nous sommes aujourd’hui sur une logique de tueries de masse, avec une cinétique extrêmement rapide : nous n’avons plus le temps d’attendre une projection, il faut prendre de premières mesures », a estimé le DGGN.

« Le primo-arrivant, c’est le gendarme de brigade; l’intervention spécialisée de premier niveau, c’est le PSIG-Sabre. C’est d’ailleurs comme cela que ça s’est passé à Trèbes. C’est d’abord la communauté de brigade de Trèbes qui est arrivée, puis le PSIG-Sabre, puis l’antenne GIGN, enfin le GIGN », a-t-il ensuite rappelé.

Et de conclure : « On voit bien qu’il faut s’interroger sur notre modèle, qui doit être revu dans sa cinétique et dans sa conception opérationnelle, non pas pour le mettre en cause mais pour l’améliorer et pour qu’il réponde à l’instant t aux besoins. Nous avons des marges de progression. »

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