Les États-Unis se retirent du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires

La décision que vient de prendre Washington n’est pas surprenante étant donné les récentes déclarations faites récemment par Robert Wood, l’ambassadeur américain sur le désarmement, à Genève. Ainsi, le 20 octobre, et alors que son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, était à Moscou pour « poursuivre » le dialogue avec l’exécutif russe, le président Trump a annoncé le retrait des États-Unis du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI], négocié et signé en 1987 afin de mettre un terme définitif à la crise des Euromissiles entre les Occidentaux et l’Union soviétique.

Pour rappel, ce traité FNI, signé par le président américain, Ronald Reagan, et son homologue soviétique, Mikhael Gorbatchev, interdit les missiles balistiques et de croisière sol-sol ayant une portée comprise entre 500 et 1.000 km ainsi que ceux dont la portée est comprise entre 1.000 et 5.500 km.

Or, depuis 2014, Washington accuse Moscou d’avoir violé ce traité en développant, et même en déployant, le missile SC-X-8 [ou 9M729 « Novator »], dont la portée serait supérieure à 500 km.

« La Russie n’a pas respecté le traité. Nous allons donc mettre fin à l’accord et développer ces armes », a ainsi déclaré le chef de la Maison Blanche. « Ils [les Russes] le violent depuis de nombreuses années », a-t-il poursuivi. « Je ne sais pas pourquoi le président Obama n’avait pas renégocié ou ne s’était pas retiré », a-t-il ajouté en évoquant son prédécesseur démocrate.

« Nous n’allons pas les laisser violer l’accord nucléaire et fabriquer des armes alors que nous n’y sommes pas autorisés. Nous, nous sommes restés dans l’accord et avons honoré l’accord. Mais la Russie n’a malheureusement pas respecté l’accord », a encore fait valoir M. Trump.

Si elle a admit l’existence du 9M729 « Novator », la Russie a toujours nié que ce missile violait le traité FNI. Et l’annonce de M. Trump, a estimé Sergueï Riabkov, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, « serait un pas très dangereux qui, j’en suis sûr, ne sera pas compris par la communauté internationale et va même s’attirer de sérieuses condamnations. » Et d’ajouter : Ce traité est « significatif pour la sécurité internationale et la sécurité nucléaire, pour le maintient de la stabilité stratégique. »

Aussi, a continué M. Riabkov, si les États-Unis continuent à agir de « façon maladroite et grossière » et à se retirer unilatéralement de traités internationaux, « alors nous n’aurons pas d’autre choix que de prendre des mesures de rétorsion y compris concernant la technologie militaire. » Toutefois, a-t-il dit, « nous ne voulons pas en arriver là. »

Cela étant, considérant que le Traité FNI « est un élément fondamental de la sécurité euro-atlantique », l’Otan a demandé à la Russie des informations au sujet de ce missile 9M729 « Novator ». Visiblement, la réponse tarde à venir.

« Après des années de dénégations, la Russie a récemment reconnu l’existence d’un nouveau système de missiles, baptisé 9M729. La Russie n’a fourni aucune réponse crédible sur ce nouveau missile », avait en effet déploré Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, au début de ce mois. « Tant qu’ils [les Russes] ne répondent pas, l’hypothèse la plus plausible est qu’il s’agisse d’une violation du traité INF », avait-il estimé.

Avant le traité FNI, celui relatif aux forces conventionnelles en Europe, signé à Paris en novembre 1990 par les pays membres de l’Otan et ceux du Pacte de Varsovie, n’est déjà plus qu’une coquille vide, la Russie l’ayant officiellement dénoncé en 2015, après un moratoire décidé huit ans plus tôt.

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