Selon le général Dunford, des combattants étrangers continuent de rejoindre l’État islamique au Levant

L’on aurait pu penser que l’État islamique [EI ou Daesh] n’était plus en mesure de recevoir des renforts extérieurs et que, avec les revers qu’il a subis au cours de ces derniers mois en Irak et en Syrie, il n’était plus aussi « attractif » que par le passé pour les sympathisants de la mouvance jihadiste. Or, selon le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées américain, cette estimation est à nuancer.

« Une centaine de combattants étrangers continuent de rejoindre chaque mois les rangs de l’oganisation État islamique en Syrie, malgré son repli sur le terrain », a en effet affirmé le général Dunford, le 16 octobre, lors de la Conférence des chefs d’état-majors de 80 pays contre la lutte contre les organisations extrémistes.

Certes, ce flux de combattants étrangers est dix à quinze fois moins élevé que ceux constatés après la proclamation du « califat » par Abu Bakr al-Baghdadi, le chef de Daesh. Mais ces arrivées, qui se font essentiellement via la frontière turque, « permet au groupe de rester actif », a estimé le général Dunford. Toutefois, l’on peut s’interroger sur la valeur de ces recrues, l’EI n’ayant très probablement pas le temps de les former avant de les envoyer combattre.

Un récent rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, affirmait, cet été, que le flux des combattants étrangers se rendant en Irak et en Syrie pour rejoindre Daesh s’était « quasiment arrêté ». Et d’ajouter : « Le flux inverse, bien qu’il soit plus lent que prévu, demeure un grave problème. Les combattants relocalisés de l’EI semblent se cacher là où ils le peuvent, leur intention étant de redevenir actifs lorsque les circonstances le permettront. Il se peut que la stabilisation temporaire des positions militaires du groupe dans l’est de la Syrie syrienne au début de l’année 2018 ait encouragé un nombre non négligeable de combattants terroristes étrangers à rester dans la zone de conflit. »

En outre, il était estimé dans le document que les effectifs de l’EI au Levant serait compris entre 20.000 et 30.000 combattants.

Quoi qu’il en soit, le général Dunford a appelé à rester très vigilant face à la mouvance jihadiste. « Malgré leurs pertes territoriales, l’EI et al-Qaïda ont toujours la capacité et la volonté de mener ou d’inspirer des attaques terroristes dans le monde », a-t-il dit. Et si sa « létalité » a été réduite après ses revers militaires, cela ne signifie pas que Daesh n’est plus dangereux.

Pour le chef d’état-major américain, il ne faut pas relâcher la pression sur les organisations jihadiste et continuer à « partager les informations » et « les meilleures pratiques » ainsi qu’à « mener des opérations […] éliminer les groupes extrémistes à travers le monde », même si « nombre d’attaques terroristes faisant la une des journaux a diminué ces dernières années. »

Aussi, le général Dunford a mis en garde contre un excès de satisfaction face aux revers infligés à l’EI ou aux branches d’al-Qaïda. C’est « peut-être le plus grand défi auquel nous sommes confrontés », a-t-il dit, alors que la nouvelle stratégie américaine met le terrorisme au second rang des priorités, l’accent étant mis sur les menaces incarnées par la Chine et la Russie.

« Une mauvaise lecture de nos progrès aujourd’hui et une incompréhension de la nature de la menace peuvent amener les dirigeants politiques à ne plus se focaliser sur l’extrémisme violent pour se tourner vers d’autres défis urgents », a expliqué le général Dunford.

En attendant, Daesh n’a pas encore perdu la totalité de ses emprises territoriales. Menée par les Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde] avec le soutien de la coalition anti-jihadiste, l’opération Roundup, qui vise la localité de Hajine, encore contrôlée par l’EI sur la rive orientale de l’Euphrate, dans la province de Deir ez-Zor, est à l’arrêt.

La semaine passée, l’organisation jihadiste a lancé une série de contre-attaques. « Les opérations militaires à Hajine prendront plus de temps que prévu », a admis Rerdu Khalil, un commandant des FDS. « Daesh profite beaucoup des conditions météorologiques, y compris les tempêtes de sable » et cela les « a aidé à échapper aux avions de reconnaissance et à d’autres moyens de surveillance », a-t-il expliqué.

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