Hostile à l’offre française sur les Rafale, Steven Vandeput, le ministre belge de la Défense, va démissionner

Normalement, en janvier prochain, Steven Vandeput, l’actuel ministre belge de la Défense, devrait s’asseoir dans le fauteuil de « bourmestre » [maire] de Hasselt, ville d’environ 80.000 habitants, chef-lieu de la province de Limbourg, la liste qu’il conduisait, le 14 octobre, lors des élections communales, étant arrivé en tête. En outre, et sauf coup de théâtre, il déjà passé des accords pour s’assurer d’une majorité au conseil municipal.

Aussi, M. Vandeput démissionnera du gouvernement fédéral en janvier prochain. « C’est naturellement la conséquence. Ce n’est pas combinable », a-t-il en effet affirmé.

Reste à voir qui le remplacera. Si plusieurs noms circulent, celui du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Theo Franken, par ailleurs issu du même parti (N-VA), revient avec insistance, même si sa connaissance des affaires militaires reste à démontrer. C’est « un homme doté de nombreuses qualités. Il est l’une des options », a confirmé Jan Jambon, le vice-Premier ministre. « Mais nous (la N-VA) avons encore le temps jusqu’au 1er janvier », a-t-il ajouté.

Cependant, à peine nommé au gouvernement, en octobre 2014, Theo Franken, 41 ans, par ailleurs adepte d’un discours « musclé », défraya la chronique en assistant au 90e anniversaire de Bob Maes, ex-collaborateur et sympathisant nazi. Ce qui ne lui a pas nui sur le plan électoral, la liste sur laquelle il figurait à Lubbeek, ayant progressé de 9% par rapport aux dernières élections.

Cela étant, plusieurs dossiers de premier plan attendent encore M. Vandeput avant son départ du gouvernement. L’un des plus emblématique est celui du remplacement des F-16 de la composante « Air » de la Défense belge.

Dans le cadre de l’appel d’offres lancé par Bruxelles, deux concurrents sont en lice : le F-35A américain et l’Eurofighter Typhoon, dont la candidature est défendue par le Royaume-Uni. La France a choisi de court-circuiter cette procédure en proposant 34 Rafale au titre d’un partenariat stratégique et industriel structurant. Or, l’offre de Paris a constamment été critiquée par M. Vandeput, qui a mis en avant des arguments juridiques pour justifier sa position. Arguments qui donne matière à débat, les juristes n’étant pas d’accord entre eux…

Quoi qu’il en soit, la partie américaine avait donné jusqu’au 14 octobre aux autorités belges pour se décider (en faveur, si possible, du F-35). Faute de quoi, elle reverrait sa proposition. Seulement, ce délai est passé… Et aucune décision n’a été prise.

Cependant, d’après la presse d’outre-Quiévrain, il s’agirait d’un faux suspense. En effet, en 2013, a récemment affirmé l’hebdomadaire flamand Knack, la Belgique aurait pris l’engagement auprès de l’Otan de se doter d’avions de combat ayant une capacité de « des défenses anti-aériennes ennemies », ce qui place le F-35A – furtif – en pole position. Pour le média, il s’agit d’une « promesse d’achat » de l’avion de Lockheed-Martin.

Un autre dossier que M. Vandeput aura à régler avec de s’occuper des affaires de la ville de Hasselt est le contrat « CaMo » [Capacité Motorisée], qui vise à doter la composante terrestre de la Défense belge de 417 Véhicule blindé multi-rôles [VBMR] « Griffon » et de 60 Engins blindés de reconnaissance et de combat [EBRC] « Jaguar » [deux véhicules de la gamme SCORPION, ndlr]. Annoncé en juillet 2017, le contrat n’est toujours pas finalisé.

« Le partenariat franco-belge de renouvellement des véhicules de la composante Terre, appelé CaMo […] fera bientôt l’objet d’une décision en Conseil des ministres », a précisé M. Vandeput, fin septembre, devant la commission de la Défense du Parlement belge.

Enfin, autre dossier : celui de l’acquisition de quatre drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] pour remplacer les Hunter B à bout de souffle. Normalement, Bruxelles ne devrait pas lancer d’appel d’offres et donc privilégier un achat sur étagère. Le SkyGuardian de l’américain General Atomics auraient les faveurs des militaires belges. Mais Airbus, associé à Ignition!, une coentreprise appartenant à Sonaca et Sabena Aerospace, a proposé, en septembre, une offre reposant sur le Heron TP israélien, le même qui équipera l’armée allemande, avec, à la clé, une éventuelle participation au programme européen MALE RPAS. Là encore, la décision du gouvernement belge se fait attendre.

Photo : (c) Steven Vandeput

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