Les forces stratégiques russes ont de nouveau effectué un exercice nucléaire d’ampleur, a priori sans leurs moyens les plus récents

En octobre 2017, soit quelques semaines après les manoeuvres Zapad 17 en Biélorussie et à Kaliningrad, les forces stratégiques avaient été impliquées dans un exercice impliquant leurs trois composantes (océanique, terrestre et aérienne).

À cette occasion, quatre missiles balistiques intercontinentaux [ICBM] furent lancés, dont un Topol-M [sol-sol] depuis le cosmodrome de Plessetsk et trois autres engins mer-sol par des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] dont le type ne fut pas précisé. Enfin, des bombardiers Tu-160, Tu-95MS et Tu-22 M3 tirèrent des missiles de croisière.

Alors que ses forces armées ont effectué, en septembre, les manoeuvres Vostok-18, d’un ampleur inégalée depuis 1983 et l’ère soviétique [près de 300.000 officiellement engagés, ndlr], la Russie vient de procéder à un nouvel exercice impliquant sa triade nucléaire. Et cela, à quelques jours des manoeuvres Trident Juncture 18 de l’Otan, elle aussi d’un niveau que l’on n’avait plus vu depuis la fin de la Guerre Froide.

En effet, a indiqué le ministère russe de la Défense, le 11 octobre, « les Forces nucléaires stratégiques terrestres, navales et aériennes, ainsi que des moyens du système d’alerte avancée en cas d’attaque aux missiles ont y été impliqués. » Ainsi, des tirs ont été effectués par des SNLE depuis les mers de Barents et d’Okhotsk tandis que les bombardiers stratégiques (Tu-160, Tu-95 MS et Tu-22 M3), partis des bases d' »Engels », « Ukrainka » et « Shaikovka » ont lancé des missiles de croisière.

« Un système spatial unique et des stations radar au sol ont rapidement détecté tous les lancements de missiles balistiques effectués des sous-marins. Les informations les concernant ont été transmises aux poste de conduite de l’Etat et aux Forces armées de la manière prescrite » et « tous les objectifs d’entraînement sur les polygones ‘Koura’, ‘Tchizha’, ‘Pemboï’ et ‘Terekta’ ont été frappés », a précisé le ministère russe de la Défense.

Ce dernier a également diffusé des vidéos de cet exercice, dont le but était de tester « le système de contrôle des forces armées, ainsi que la fiabilité des ordres de formation au combat et des signaux transmis par l’ensemble de la chaîne de commandement ».

Sur les images ainsi diffusées, l’on voit des sous-mariniers recevoir un ordre de tir (avec des équipements semblant dater d’un autre âge, ce qui suggère que la séquence a été tournée à bord d’un SNLE de la classe Delta et non à bord d’un SNLE de type Boreï, récemment mis en service), le départ d’un missile mer-sol ainsi que la préparation des bombardiers stratégiques avant leur décollage. Plus précisément, les vidéos montrent des missiles Rhaduga Kh-15 [pour le Tu-22M3], Kh-101 / Kh-102 [pour Tu-95MS et Tu-160].

Aucune de ces images ne concerne les « forces des fusées stratégiques », c’est à dire la composante terrestre de la dissuasion nucléaire russe. Et cela interroge. Le tir d’un Topol-M s’est-il soldé par un échec? Son lancement a-t-il été annulé pour des raisons techniques? Est-ce que le lancement d’un tel missile a été planifié pour cet exercice (ce qui serait étonnant)? Ou, tout simplement, a-t-il été décidé de ne pas communiquer à son sujet?

Par ailleurs, contrairement au précédent exercice, le nombre de missiles tirés n’a pas été précisé, ce qui est une façon de laisser les observateurs dans le flou.

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