En réponse à l’attentat d’Ahvaz, l’Iran dit avoir visé un groupe jihadiste en Syrie avec des missiles balistiques

Le 22 septembre, des hommes armés ouvrirent le feu lors d’une parade militaire organisée à l’occasion de la « Journée nationale des forces armées » à Ahvaz, la capitale de la province du Khouzestan, dont la population est majoritairement arabe. Immédiatement, Téhéran accusa un « régime étranger » d’avoir recruté, entraîné et armé les terroristes.

« L’Iran considère que les parrains régionaux du terrorisme et leurs maîtres américains sont responsables de telles attaques », affirma Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères. Puis un porte-parole des Gardiens de la Révolution accusa le mouvement séparatiste arabe « al-Ahvazieh » d’être à l’origine de cette attaque qui fit au moins 24 tués.

Seulement, l’État islamique [EI ou Daesh] revendiqua rapidement la responsabilité de cet attentat. Mais la question était de savoir si le message de l’organisation jihadiste avait ou non un caractère opportuniste. Plus tard, elle diffusa une courte vidéo montrant trois des cinq assaillants d’Ahvaz. Pour autant, cela ne prouvait pas avec une absolue certitude son implication dans l’attaque.

Cependant, l’EI publia plusieurs messages au sujet de cet attentat, donnant à chaque fois plus de précisions. Dans l’un d’eux, il affirma que les assaillants appartenaient à sa branche afghano-pakistanaise [province du Khorassan ou EI-K]. Puis son porte-parole, Abul-Hasan Al-Muhajir, a une nouvelle fois revendiqué l’attaque d’Ahvaz et menacé l’Iran. « Ils ne se sont pas encore réveillés du choc, et ce ne sera pas le dernier […] Le prochain sera bien pire et plus amer », affirma-t-il.

Entre-temps, le guide suprême iranien, Ali Khamanei, avait établi un lien entre les auteurs de l’attentat d’Ahvaz et les groupes jihadistes présents « en Syrie et en Irak ». Une façon détournée de désigner l’EI, seule organisation jihadiste à être présente dans ces deux pays.

Peu après l’attentat, Hassan Rohani, le président iranien, avait promis une « réponse terrible » tandis que les Gardiens de la Révolution parlèrent d’une « vengeance inoubliable. »

Moins de 10 jours plus tard, Téhéran a annoncé avoir lancé l’opération « Frappe de Moharram », dont l’exécution a été confiée à la « branche aérospatiale des Gardiens de la révolution », laquelle a tiré « six missiles balistiques de moyenne portée » contre « le quartier général des responsables du crime terroriste d’Ahvaz », sur la rive orientale de l’Euphrate, en Syrie.

Selon la télévision d’État iranienne, les missiles en question seraient des Zolfaghar [portée : 750 km] et des Qiam [portée : 800 km]. Ils auraient été lancés depuis la province de Kermanshah, frontalière de l’Irak.

« Selon les premières informations, de nombreux terroristes takfiri [jihadistes, ndlr] et les chefs responsables du crime terroriste d’Ahvaz ont été tués ou blessés dans cette attaque », ont fait valoir les Gardiens de la révolution. En outre, ces derniers ont également indiqué que les tirs de ces missiles ont été suivis par un bombardement effectué par « sept drones militaires » contre des positions occupées par des « terroristes mercenaires ».

D’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], de fortes explosions ont été entendues à l’aube dans le secteur d’Hajine, qui, tenu par l’EI, fait l’objet d’une offensive menée par les Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde], avec le soutien de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Ces frappes « contre le quartier général des terroristes d’Ahvaz n’était qu’un petit coup contre ces criminels. Le véritable châtiment est encore à venir », a prévenu le général Mohsen Rezaï, un ancien chef des Gardiens de la révolution devenu secrétaire du Conseil de discernement, un organisme de contrôle du système politique iranien.

L’on ignore sur cette opération a fait l’objet d’une coordination avec les forces russes présentes en Syrie. Mais, du côté de la coalition antijhadiste, l’on affirme qu’elle a été mené « sans préavis ».

« En ce moment, la coalition évalue toujours si des dommages ont été causés et aucune force de la coalition n’a été en danger », a déclaré le colonel américain Sean Ryan, le porte-parole de l’opération Inherent Resolve.

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