Selon M. Netanyahu, l’accord sur le nucléaire iranien a au moins le mérite d’avoir rapproché Israël des pays arabes

Depuis qu’il avait montré, en 2012, à la tribune des Nations unies, le schéma d’une bombe afin d’illustrer les progrès estimés du programme nucléaire iranien, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a pris l’habitude d’appuyer ses propos par des illustrations. Cette année, il a brandi des photographies d’un présumé « site de stockage atomique secret », installé dans le district de Turkuzahbad, Téhéran. Et de lancer : « Ce que l’Iran cache, Israël le trouvera. »

Après avoir rappelé qu’il avait présenté les « preuves » d’un programme nucléaire clandestin en Iran, dont 100.000 documents subtilisés à Téhéran par le Mossad, M. Netanyahu a interpellé Yukiya Amano, le directeur de l’Agence internatinale de l’énergie atomique [AIEA] pour lui demander d’inspecter « immédiatement » ce site avec qu’il ne soit évacué par les Iraniens.

« Vous aviez promis que les inspections pourraient avoir lieu partout, à n’importe quel moment. Alors pourquoi pas une inspection à cet endroit, immédiatement? », a interrogé le Premier ministre israélien, selon qui le site en question abriterait « 300 tonnes de matériaux liés au nucléaire. »

Toujours selon lui, les « fonctionnaires » iraniens auraient commencé à évacuer ce site après le vol des archives sur le programme nucléaire de Téhéran par le Mossad. « Le mois dernier, ils ont retiré 15 kilogrammes de matières radioactives. Vous savez ce qu’ils ont fait avec ça? Ces 15 kilogrammes de matières radioactives, ils ont dû les sortir de ce site, ils les ont donc enlevés et ils les ont répandus autour de Téhéran dans le but de cacher les preuves. Les résidents de Téhéran voudront peut-être savoir qu’ils peuvent acheter un compteur Geiger sur Amazon pour seulement 29,99 dollars. À ce jour, cela ne représente que quatre millions de reals iraniens », a accusé M. Netanyahu.

« Pourquoi l’Iran at-il conservé des archives atomiques secrètes et un entrepôt atomique secret? Car après tout, quand l’Afrique du Sud et la Libye ont abandonné leurs programmes nucléaires, la première chose que ces pays ont faite a été de détruire à la fois les archives, le matériel et l’équipement. Et la réponse à la question est simple : la raison pour laquelle l’Iran n’a pas détruit ses archives atomiques et son entrepôt atomique est qu’il n’a pas abandonné son objectif de développer des armes nucléaires », a conclu le Premier ministre israélien.

Pour ce dernier, l’accord de Vienne, relatif au programme nucléaire iranien, repose ainsi sur des « mensonges ». Aussi s’est-il félicité de la décision du président américain, Donald Trump, de retirer la signature des États-Unis, ce qui a ouvert à des sanctions contre Téhéran.

Cela étant, M. Netanyahu a trouvé au moins un mérite à cet accord de Vienne. « Je dois vous avouer quelque chose d’important. Cela vous surprendra peut-être, mais je dois avouer que l’accord iranien a eu une conséquence positive. En donnant de la force à l’Iran, l’accord a rapproché Israël de nombreux États arabes plus que jamais auparavant. Une proximité et une amitié que je n’ai jamais vues de toute ma vie, et qui auraient été impensables il y a quelques années », a-t-il dit.

Et d’ajouter : « Israël accorde une grande valeur à ces nouvelles amitiés, et j’espère que le jour arrivera bientôt où Israël aura des accords de paix formels, au-delà de l’Égypte et de la Jordanie, avec d’autres nations arabes, y compris les Palestiniens. »

Il est vrai que, ces derniers mois, le ton de l’Arabie Saoudite à l’égard de l’État hébreu a changé. Ainsi, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a déclaré qu’Israël avait le droit de vivre en paix sur son territoire. Ce qui aurait été impensable il y a peu.

« Je pense que les Palestiniens et les Israéliens ont droit à leur propre terre. Mais nous devons obtenir un accord de paix pour garantir la stabilité de chacun et entretenir des relations normales », avait en effet confié le prince Salmane dans un entretien donné à The Atlantic.

Plus tôt, le chef d’état-major de Tsahal, le général Gadi Eisenkot, avait tenu des propos surprenants de la part d’un haut responsable militaire israélien. « Avec le président Trump, il y a une opportunité de construire une nouvelle coalition internationale dans la région. Nous devons mettre en œuvre un vaste plan stratégique inclusif pour arrêter le danger iranien. Nous sommes disposés à échanger des informations provenant du renseignement avec les pays arabes modérés pour faire face à l’Iran », avait-il dit dans un journal établi au Royaume-Uni mais appartenant à un homme d’affaires saoudien.

Et le général Eisenkot d’insister : « Israël et l’Arabie Saoudite ont beaucoup d’intérêts communs. »

Par ailleurs, bien que n’ayant pas de liens diplomatiques officiels, Israël et les Émirats arabes unis entretiennent des relations officieuses depuis les années 1990. Mais depuis l’entrée en vigueur de l’accord sur le nucléaire iranien, ces dernières se sont renforcées, y compris, a priori, sur le plan militaire. Cette année, les forces aériennes des deux pays ont ainsi participé à l’exercice aérien Iniohos, en Grèce…

Jusqu’aux déclarations de M. Netanyahu, Israël avait été discret sur ses rapport avec l’Arabie Saoudite et d’autres pays arabes, afin de ne pas les mettre dans l’embarras face à leur opinion publique. Actuellement, seules l’Égypte et la Jordanie ont des relations diplomatiques officielles avec l’État hébreu.

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