Mme Merkel dénonce la « guerre hybride » de la Russie contre les soldats allemands déployés en Lituanie

En février 2017, le parquet lituanien annonça avoir ouvert une enquête sur la propagation de fausses allégations mettant en cause des soldats allemands déployés en Lituanie au titre des mesures de réassurance prises par l’Otan dans une affaire de viol présumé.

Ainsi, un courriel, a priori envoyé hors de l’Union européenne, affirmait à l’époque que des hommes en uniforme parlant allemand avaient violé une adolescente près d’une caserne. « L’information a été vérifiée et nous voyons aujourd’hui que le crime n’a pas eu lieu », expliqua Darius Valkavicius, procureur en chef de la région centrale de Kaunas en charge de l’enquête.

« C’est une provocation dirigée contre les efforts de l’Otan d’accroître la sécurité sur son flanc oriental », avait réagi le ministère lituanien de la Défense.

La propagation de ce type d’allégations, qui entre dans le cadre d’une campagne de désinformation, est l’un des aspects de ce que l’on appelle les menaces « hybrides », lesquelles combinent ingérence dans les processus électoraux, pressions économiques, manipulation de l’information et l’usage de la force selon des approches conventionnelles et irrégulières.

« C’est un modèle de guerre inventé pour glisser sous le seuil de perception et de réaction de l’Otan », résumait, en mai 2015, James Sherr, du centre de réflexion « Chatham House ».

« L’intention de la Russie de recourir à des tactiques hybrides transparaît dans divers documents, dont les plus récents sont la Doctrine militaire de 2014, la Stratégie de sécurité nationale de 2015 et la Doctrine pour la sécurité informatique et informationnelle de 2015. Ces textes préconisent l’élaboration de moyens effectifs d’influencer l’opinion publique à l’étranger et, en cas de besoin, l’emploi de méthodes ‘non traditionnelles’, rappelait, plus récemment, le britannique Lord Jopling, dans un rapport de l’assemblée parlementaire de l’Otan.

D’où les propos tenus le 14 septembre par Angela Merkel, la chancelière allemande, lors d’une visite aux soldats de la Bundeswehr engagéz dans un bataillon multinational de l’Otan en Lituanie.

« Ici vous êtes aussi confrontés à une situation qui constitue une autre partie de la doctrine militaire russe : l’idée d’une guerre hybride », a en effet dit Mme Merkel aux militaires allemands déployés à Ruklan au nord-ouest de Vilnius.

« La guerre hybride n’est pas une chose à laquelle nous soyons tellement habitués. Vous expérimentez clairement ceci ici de façon très spécifique », a poursuivi la chancelière allemande, sans donner plus de précisions.

« Ce n’est pas pour rien que nous avons créé en Allemagne une cyber unité spéciale au sein des forces allemandes dans le but de se doter de capacités dans ce domaine », a encore fait valoir Mme Merkel.

En 2017, la Bundeswehr Défense a créé le « Commandement Cyberespace et Information » [KdoCIR] afin de fédérer et coordonner ses compétences en matière de cyberdéfense. Plus tôt, ce mois-ci, le cabinet de Mme Merkel a approuvé un projet visant à mettre sur pied une « Agence pour l’innovation en matière de sécurité » qui, dotée d’une enveloppe de 200 millions d’euros entre 2019 et 2022, serait dirigée conjointement par les ministères de la Défense et de l’Intérieur.

Par ailleurs, Mme Merkel a laissé entendre que l’Allemagne n’allait plus s’investir dans des opérations lointaines… En effet, elle a souligné que, après une période d’engagements accrus « à l’étranger », comme en Afghanistan ou Mali, la défense des frontières de l’Alliance devait « à nouveau être mise au premier plan ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]